Après l'annonce de résultats semestriels mitigés ce matin, la direction d'Air France a détaillé les actions en cours pour remettre la compagnie aérienne sur le chemin de la rentabilité.
Chez Air France-KLM, les résultats s'affichent toujours dans le rouge, et plus lourdement que l'an dernier à la même époque. Alexandre de Juniac, le Pdg du groupe, a donc tenté de rassurer en faisant le point sur les restructurations en cours, en plus de l'annonce d'un nouveau plan d'économies de 300 M€.
Tour d'horizon des chantiers à venir ou en cours :
- Finalisation de Transform 2015.L’accord avec les pilotes semble en bonne voie, soumis d’ici à la fin du mois à référendum. On note au Syndicat national des pilotes de ligne une forte pression de la base et du comité de direction sur le bureau qui affichait souvent des positions extrêmes. Cela concerne la réduction de la majoration des heures de nuit ramenée de 50 à 45%. En long courrier, plus de la moitié des vols sont effectués de nuit. Autre baisse, celle de 0,6% de la prime d’ancienneté qui s’applique automatiquement. Comme les mesures annoncées peuvent être mises en application, la direction d’Air France abandonne l’action en justice devant le tribunal de grande instance de Bobigny visant à donner carte blanche au président de la compagnie.
- Perform 2020. Une fois Transform 2015 liquidé, les négociations syndicales vont pouvoir porter sur les gains de productivité prévus par Perform 2020. Des rendez-vous sont prévus à la rentrée avec notamment un comité central d’entreprise le 24 septembre.
- Des navigants restent basés en province. Contrairement à une idée répandue, les bases de province lancées en 2011 ne sont pas maintenues. L’échec commercial du concept a incité le groupe à ne pas prolonger l’offre de Marseille, Nice ou Toulouse vers de nombreuses destinations européennes. En revanche, les équipages (200 pilotes et 500 hôtesses et stewards), demeurant en province, qui avaient accepté de prendre leur service à Marseille, Nice ou Toulouse, sont prolongés. Un accord, signé le 22 juillet, a été trouvé avec les syndicats pour augmenter leur productivité (gain 20 millions d’euros) et gérer les dessertes en accord avec la compagnie HOP !, ce qui permet d’adapter la capacité des avions en fonction du trafic. Ainsi, le passager embarquera sur un Embraer de moins de cent sièges au lieu d’un A320 de 180 sièges aux heures creuses de la Navette.
- Retrait des Boeing 747. Trop gourmand en carburant, le B747 sort de la flotte d’ici à janvier 2016. Cela concerne 104 pilotes qu’il faut reconvertir. Tous n’ont pas l’ancienneté suffisante pour passer sur A380. Des négociations professionnelles sont nécessaires pour la transformation des pilotes vers le Boeing 777 car cet appareil est moins lourd que le 747. Or une partie du salaire est proportionnel à la masse de l’avion.
- Fusion des filiales. En avril 2017, les trois filiales régionales d’Air France Brit Air, Régional et Airlinair ne formeront plus qu’une seule entité juridique, Hop!. Cette entité réalise 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires et a transporté 13 millions de passagers avec une flotte de 82 appareils. La fusion permettra de s’appuyer sur une seule convention collective au lieu de trois et d’introduire 10 % d’économies supplémentaires après les 20 % déjà prévues dans le cadre du plan Transform 2015. Séparées, les trois filiales ont encore perdu collectivement plus de 100 millions en 2014.
- Transavia "hors frontières". La possibilité pour Transavia d’opérer à partir de bases autres que celles des Pays-Bas et de France est désormais à l’ordre du jour des négociations avec les syndicats de pilote. Au nom du secret commercial, Alexandre de Juniac n’a pas voulu indiquer à partir de quels pays la future entité opérerait dès l’été prochain et n’a pas prononcé l’expression "Transavia Europe". Ce concept avait été un des points de blocage de la grève des pilotes en septembre dernier.
Thierry Vigoureux