
Les deux pays, qui avaient payé le plus lourd tribut lors de l’attentat de Sousse le 26 juin, ont durci leurs conseils aux voyageurs. En France, le Quai d’Orsay précise que la situation fait l'objet d'une évaluation continue.
L’annonce hier du chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, d’inviter l’ensemble des ressortissants à quitter la Tunisie pour regagner la Grande-Bretagne marque un tournant.
Le coup est d'autant plus dur que la clientèle britannique avait connu 10% de progression annuelle depuis la révolution de 2011, à rebours des autres clientèles européennes. Avec 500 000 visiteurs par an, les Britanniques s'étaient hissés à la deuxième place derrière les 900 000 Français.
"Bien que nous ne disposons pas d’informations précises signifiant une menace spécifique ou imminente, nous estimons qu’après l’attaque de Sousse les risques de danger sont réels et la menace d’un nouvel attentat hautement probable", indique le communiqué.
La Grande-Bretagne a, par ailleurs, déconseillé de se rendre en Tunisie sauf dans les cas d’urgence ou de voyage indispensable et demandé à tous ses ressortissants de prendre contact avec leurs tour-opérateurs pour organiser leur rapatriement. Le Danemark a fait la même recommandation à ses ressortissants cet après-midi.
Actuellement, 3 000 touristes britanniques et quelques centaines de résidents permanents se trouvent en effet en Tunisie.
Cet avertissement est intervenu deux semaines après que 38 touristes, dont 30 Britanniques, ont été tués par un terroriste armé qui a pris d’assaut la station balnéaire tunisienne de Sousse.
TUI Belgium et TC UK suspendent leurs vols vers la Tunisie
L'attaque a également eu lieu au lendemain de la recommandation du ministère des affaires étrangères belge visant à déconseiller momentanément tous les voyages vers la Tunisie.
TUI Belgium a d’ailleurs suspendu tous ses vols vers la destination jusqu’au 31 août et Thomas Cook UK jusqu’au 31 octobre.
Ces décisions prises par nos voisins européens vont-elles être suivies par la France ?
Interrogé par Tour Hebdo, le ministère des Affaires étrangères assure par la voix de Romain Nadal, porte-parole de Laurent Fabius, que "nos conseils aux voyageurs soulignent le risque terroriste en Tunisie et les menaces persistantes émanant des réseaux terroristes djihadistes. Ils recommandent aux ressortissants français d'être particulièrement vigilants. Plusieurs régions du pays, aux frontières avec l'Algérie et la Libye, sont formellement déconseillées ou déconseillées sauf raison impérative. Ces conseils sont fondés sur notre analyse de la menace sécuritaire et sur le suivi attentif des mesures prises par les autorités tunisiennes pour y faire face".
Djerba, l'exception tunisienne
Romain Nadal ne manque d'ailleurs pas de préciser que "hormis les Britanniques et les Belges (à titre "temporaire"), nos principaux partenaires ne déconseillent pas, à ce jour, en général, les déplacements en Tunisie. C'est le cas notamment de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Italie et des Etats-Unis. La situation fait néanmoins l'objet d'une évaluation continue".
Une position qui fait écho aux propos de Jean-Pierre Mas, le président du Snav : "Je ne pense pas que le ministère des Affaires étrangères français changera sa position sur le pays […]. Le Snav attend de la Tunisie qu'elle donne des preuves de la sécurisation des zones touristiques, et l'on soutiendra la destination comme on l'a toujours soutenue".
Les tour-opérateurs français continuent d’ailleurs d'enregistrer des ventes mais exclusivement sur Djerba.
Ainsi, la semaine dernière, Thomas Cook a effectué des réservations pour 700 pax, pour des départs cet été vers Djerba. Chez Transat France, ce sont 110 clients qui ont été candidats au départ sur l’île.
C.P.