La compagnie annonce qu’elle va fermer des lignes et se séparer de certains de ses avions.
L’heure est grave. C’est ce que l’on comprend en lisant le dernier communiqué d’Air France qui annonce différentes mesures en cours ou à l’étude. La fermeture de quatre lignes déficitaires (Stavanger, Vérone, Vigo, Kuala Lumpur) interviendrait avec la réduction de fréquences (vers le Japon, le Brésil et la Russie).
La sortie accélérée de la flotte d’un troisième Airbus A340 serait accompagné de l’étude du report de livraisons d’avions plus performants (B787 et A350). Enfin, la chasse est ouverte à 80 millions d'euros d’économies supplémentaires.
Chaque mois, comme on peut le constater avec les résultats de trafic pourtant en hausse, la recette unitaire chute un peu plus (6% sur un an).
"Je ne vous ai pas promis aujourd'hui un avenir serein, je vous ai promis une dure tourmente et des mesures d'adaptation qui doivent être courageuses et vigoureuses", avait déjà annoncé le Pdg Alexandre de Juniac aux actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle du groupe Air France-KLM le 21 mai dernier.
De son côté, Frédéric Gagey, Pdg d’Air France, avait tiré la sonnette d’alarme au début du mois au lendemain de la conférence annuelle de Iata à Miami : "il faut aller plus vite dans les négociations sociales avec le personnel concernant les mesures à prendre, dans le cadre du nouveau plan Perform pour améliorer la performance économique de la compagnie".
Air France appelle au soutien de l'Europe et du gouvernement français
Puis, le patron du groupe Air France-KLM rebondit lors du Paris Air Forum vendredi dernier au Bourget, et en appelle à un cadre équitable. Un message à destination de l’Europe, mais aussi du gouvernement français. "Notre personnel, dont je souligne le courage et l’engagement, fait des efforts énormes, explique-t-il. Mais ce serait bien qu’il voie que nous sommes aussi soutenus de l’extérieur".
De Juniac demande ainsi un allégement des contraintes réglementaires, fiscales et sociales qui pèsent sur les compagnies aériennes. Il cite le modèle du pavillon maritime et demande à ne plus être soumis à la taxe Chirac, qualifiée d’illégitime.
Reste à faire passer en interne les nouvelles économies du plan Perform 2020. Les salariés d’Air France et leurs syndicats ne sont pas prêts à accepter de nouveaux départs volontaires, des gels de salaires et une augmentation de la productivité tant que les pilotes n’auront pas rempli les conditions prévues lors du plan précédent, Transform 2015.
Selon la compagnie, seulement 12% des réductions de coûts liées aux gains de productivité ont été réalisées alors que les autres catégories de personnels ont atteint l’objectif de 20%. Les discussions avec le Syndicat national des pilotes de ligne Alpha durent depuis sept mois.
Dans un communiqué, le SNPL accuse la direction d’Air France "de déclarer la guerre à ses pilotes". La compagnie attaque, en effet, en référé le syndicat pour que les mesures puissent enfin être mises en œuvre.
Thierry Vigoureux