La compagnie de Doha veut se placer sur le marché italien et s’intéresse à Meridiana.
En perte financière chronique, Meridiana, la compagnie de l’Aga Khan, pourrait intéresser Qatar Airways. La compagnie de Doha envisage de prendre 49% de son capital, le maximum autorisé par les règles européennes.
Ayant fusionné avec Eurofly et Air Italy, Meridiana, basée à Olbia, exploite 27 avions et visait, à sa création sous le nom d’Alisarda en 1963, à développer le tourisme en Sardaigne. Qatar Airways, par ailleurs actionnaire à 10% du groupe anglo-espagnol IAG, place des pions en Italie pour que le quatrième marché européen ne reste pas la chasse gardée d’Etihad Airways qui a pris le contrôle d’Alitalia.
"Nous sommes esclaves des autorités italiennes, expliquait Akbar Al Baker, Pdg de Qatar Airways, devant la presse italienne. Nous serions très heureux d’avoir de nouvelles destinations, aussi parce qu’il y a de nombreuses opportunités d’expansion : l’Italie a un marché énorme" Principale condition posée l’investisseur qatari : l’obtention de "slots" dans les aéroports de Pise, Turin et Venise, pour permettre son développement. Sous-entendu, drainer la clientèle de nombreuses PME-PMI axées sur l’export vers le hub d’Abu Dhabi. La valeur marchande de Meridiana réside avant tout en des droits de trafic existants ou potentiels ainsi que des créneaux dans des aéroports coordonnés.
Oneworld menacée ?
Meridiana dispose d’accords de code share avec British Airways, dont Qatar Airways est actionnaire à hauteur de 10%. Ce qui pourrait provoquer l’éclatement de Oneworld car Akbar Al Baker n’apprécie pas la position d’American Airlines, co-créateur de l’alliance qui, outre la polémique en cours sur les compagnies du Golfe, s’efforce de bloquer l’arrivée de Qatar Airways aux Etats-Unis. La compagnie de Doha pourrait quitter Oneworld et gêner la coentreprise British Airways-American sur l’Atlantique-Nord.
Lors de sa tournée européenne, Akbar Al Baker s’est arrêté à l’Elysée pour recevoir en catimini la Légion d'honneur. Cette cérémonie n’était pas inscrite sur l’agenda officiel du président de la République. On ne sait si les remerciements et les discussions ont porté sur les avions livrés par Airbus, les droits de trafic de Qatar Airways ou, plus généralement, sur la politique mondiale de la fédération de football. Les syndicats d’Air France ont vivement protesté.
Thierry Vigoureux