Après l’accident du vol Ouagadougou-Alger, le BEA met en garde les compagnies aériennes sur ce défaut propre à l’avion MD83.
L’aviation civile du Mali, pays où a eu lieu le crash du vol Ouagadougou-Alger le 24 juillet dernier, est en charge de l’enquête technique prévue par les textes internationaux. Mais ce sont les moyens techniques et le savoir-faire du BEA français au Bourget qui sont mis en œuvre pour lire les enregistreurs de vols et analyser l’accident.
110 passagers et 6 membres d’équipage y ont perdu la vie. L’appareil était affrété avec équipage à la compagnie espagnole Swiftair. Les enquêteurs viennent d’identifier la cause de l’accident. En givrant à l’altitude de croisière dans une atmosphère très humide, des capteurs de pression (EPR), situés sur les moteurs, ont transmis des informations erronées à l’automanette. Celle-ci règle la poussée des moteurs en fonction de la vitesse demandée par l’équipage.
Ce qui s'est passé
Sur la base de ces paramètres erronés, une poussée insuffisante a été indiquée aux moteurs par l’automanette. L’avion a alors ralenti. De son côté, le pilote automatique a corrigé l’assiette de l’avion à cabrer pour maintenir l’altitude. "C'est ainsi qu'à compter de l'apparition de l'erreur de mesure des valeurs d'EPR, la vitesse de l'avion a diminué de 290 à 200 noeuds en 5 minutes et 35 secondes environ et l'incidence a augmenté jusqu'au décrochage de l'avion", écrit le BEA. L'avion est parti brusquement en virage à gauche jusqu'à atteindre 140° d'inclinaison, et a piqué jusqu'à 80°.
"Les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage", indiquent les enquêteurs. Ils disposaient pour cette analyse des informations du Flight Data Recorder, l’enregistreur de données. Le Cockpit Voice Recorder, l’enregistreur vocal, n’a pu être exploité et était probablement hors service avant le vol AH 5017. Cela prive l’enquête du dialogue entre les deux pilotes face à la panne.
Des événements similaires en 2002 et 2014
Ce drame n’est pas unique. Deux événements similaires se sont produits en juin 2002 et en juin 2014, sans conséquences graves. Le deuxième avait déjà touché Swiftair, la compagnie espagnole affrétée par Air Algérie pour le vol Ouagadougou-Alger. Le BEA a transmis les informations relatives au dernier accident à la communauté aéronautique internationale via l’agence européenne de la sécurité aérienne et à son homologue américaine, afin qu’un accident de même nature ne se reproduise pas.
L’avion en cause, le McDonnell Douglas MD83, dérivé du DC9, était construit par l’avionneur éponyme qui a été repris par Boeing en 1997. Ce dernier en assure le "service après-vente", surveille la navigabilité de l’avion et prescrit les modifications techniques nécessaires. Gourmands en carburant, les MD83 ont presque disparu des flottes en Europe. Il en reste néanmoins de nombreux en service aux Etats-Unis.
T.V.