Une semaine après l'attentat, les répercussions pour le secteur restent difficiles à évaluer, mais sur place la réaction commence à s'organiser.
Une semaine après l'attentat qui a fait 21 morts – dont 20 touristes – au musée du Bardo, à Tunis, les professionnels du secteur sont encore dans la gestion de crise. "Ils ont reçu un coup de massue sur la tête et sont en train de gérer les annulations", rapporte Wajdi Sghiri, secrétaire général de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie.
"C'était une semaine particulière, un moment de perplexité. Maintenant, il faut se remettre au travail", témoigne Anis Meghirbi, directeur commercial du groupe Seabel. Quant aux retombées pour le secteur, "on est en train d'observer, poursuit-il. Nous avons eu une grosse inquiétude les premières 24h, on craignait le rapatriement. Il y a eu des annulations, mais il aurait pu y en avoir beaucoup plus". Sur les trois hôtels de la chaîne, 120 annulations ont été enregistrées dès le lendemain de l'attentat, puis le rythme journalier est retombé autour de 20-25.
Des frais en cas d'annulation
"Pour l'instant, le phénomène n'est pas gravissime", note Mehdi Allani, le patron du Sultan, un hôtel labellisé Thomas Cook, à Hammamet. Pour lui, le pic a eu lieu lundi : 122 résas annulées, tous marchés confondus, sur un total d'environ 3 000 sur la saison. Mardi, le chiffre retombait à une vingtaine. "Les TO ont appliqué les conditions générales de vente à la lettre, ils n'ont pas accepté les annulations gratuitement. Même pour changer de destination, les clients ont des frais", explique Anis Meghirbi.
De leur côté aussi, les professionnels tentent de limiter la casse. "On est très réactifs avec les clients qui nous écrivent pour nous faire part de leurs inquiétudes à venir. Même ceux qui connaissent bien la Tunisie veulent être rassurés", raconte Mehdi Allani. L'hôtelier enregistre même de nouvelles réservations, à un rythme bien moindre que d'ordinaire, toutefois.
"Trop tôt pour parler d'une stratégie"
Selon un communiqué du ministère du Tourisme publié lundi, les annulations se limitaient alors à 3 000 cas au global. Un chiffre qui apparaît bien en deçà de la réalité. Par ailleurs, toutes les compagnies de croisières qui s'arrêtaient à La Goulette ont annoncé la suspension de l'escale, "remplacée par Malte pour certains, Palerme pour d'autres", précise Slim Ben Jaballah, le patron de l'agence Hope Travel, le principal réceptif du créneau. La plupart des victimes de l'attaque du Bardo étaient en effet des croisiéristes.
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De son côté, la cellule de crise du ministère du Tourisme s'est d'abord concentrée sur la gestion des victimes et des blessés, ainsi que de leurs familles, se refusant à communiquer sur les retombées pour le secteur. "Il est encore tôt pour parler de la stratégie pour redresser la situation, souligne le chef de cabinet de la ministre, Nabil Bziouech. Nous n'avons pour l'heure défini que les grands axes : relations publiques avec les TO, les personnalités influentes dans leur pays et les représentations diplomatiques. D'importantes délégations tunisiennes iront visiter les différents pays, surtout ceux qui ont eu des victimes."
La veille de l'attaque, le Conseil des ministres avait approuvé un plan de relance en 23 points, axé notamment sur l'amélioration de la qualité, la propreté, la promotion du tourisme culturel et du tourisme intérieur et algérien… Une stratégie qui sera, après le drame du Bardo, "consolidée", dit Nabil Bziouech. Les hôteliers s'attendent également à une renégociation avec les TO. "Il serait irresponsable de sacrifier les prix", souligne Anis Meghirbi. A ce jour, les TO n'ont pas l'air de penser la même chose…
Elodie Auffray, à Tunis