A quelques jours de la Journée de la femme, et des 10 ans de l'association qu'elle préside, Agnès Gascoin fait un bilan et livre ses ambitions à venir.
Tour Hebdo : Femmes du tourisme, que vous présidez, fête ses 10 ans le 10 mars prochain. Pouvez-vous faire un point sur le périmètre de l'association ?
Agnès Gascoin : Il y a dix ans, nous étions huit, et aujourd'hui, nous avons dépassé la centaine de membres. Ce sont des femmes dans la fonction d'encadrement et de direction, issues de tous les secteurs du tourisme : l'hôtellerie, le transport, l'institutionnel, les agences et tour-opérateurs, les chambres d'hôtes, les loueurs, les sociétés technologiques, la formation… Je crois que nous sommes la seule instance professionnelle aussi transversale.
TH : Quels sont les objectifs de ce regroupement?
A.G. : Au cœur de notre dynamique, nous voulons favoriser les échanges, incarner des valeurs de solidarité et d'entraide, et, bien sûr, encourager les carrières des femmes au sein des entreprises. Au fil du temps, et au vu de la conjoncture, nous avons lancé une bourse de l'emploi et nous avons des réussites à notre actif. Le "marrainage" d'une ou d'un candidat marche bien. Nous sommes arrivées également à ce que les femmes fassent du business entre elles, et c'est encourageant.
TH : Une étude de l'Apec, sortie mercredi dernier, révèle que les écarts de salaires entre les hommes et les femmes cadres sont encore de 8,5%, tous secteurs confondus. Qu'en pensez-vous ?
A.G. : Cela évolue mais on est encore loin de l'égalité dans ce domaine, à compétence égale. Tous les réseaux de femmes œuvrent pour cet objectif. La jeune génération, issue notamment des écoles de commerce, est moins complexée que les aînées, et se sent davantage sur un pied d'égalité avec les hommes.
Mais dès lors que les enfants arrivent, les femmes cherchent à définir des priorités et s'estiment bloquées pour prendre des responsabilités supérieures. Lors d'un récent mentoring avec 70 jeunes femmes, je leur ai conseillé de saisir des opportunités professionnelles quand elles se présentent. Cela demande à la fois une démarche personnelle, de l'ambition… et de la solidarité avec son conjoint.
TH : Quels sont les grands rendez-vous de 2015 ?
A.G. : Nous aimerions lancer un Baromètre de l'emploi des femmes dans le tourisme, avec la même méthodologie que le Baromètre CSA pour les femmes dans l'audiovisuel, paru en février dernier. Le tourisme emploie 80% de femmes, mais très peu sont à la tête d'entreprises. Le secteur du tourisme est en croissance, et offre un potentiel d'emplois importants, notamment dans le digital. Idéalement, le Baromètre pourrait être publié en 2016.
Par ailleurs, nous poursuivons nos "speed lunches" pour renforcer le "réseautage", nos réunions à thème autour de personnalités, nos interventions dans différents colloques extérieurs et nos partenariats comme avec le Welcome City Lab à Paris. Petit à petit, notre association devient un référent.
TH : Comment va se dérouler la soirée du 10 mars ?
A.G. : Nous allons mettre à l'honneur quatre femmes qui ont reçu notre Trophée ces dernières années, et présenter leur évolution. Dix adhérentes vont s'exprimer en vidéo sur l'association. Nous célébrerons aussi les deux gagnantes du trophée Roses des sables, un rallye féminin au Maroc, que nous avons sponsorisées.
La deuxième partie de soirée sera consacrée à Mireille Darc, marraine de la Chaîne de l'espoir, et au professeur Alain Deloche, chirurgien cardiaque, qui opère des enfants défavorisés dans plus de trente pays. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, très impliqué dans le développement du tourisme, nous fera l'honneur d'être présent.
Propos recueillis par Catalina Cueto