L'équipe porteuse du projet français pour l'organisation de l'Exposition universelle de 2025 a dévoilé ce matin le thème retenu : "Au cœur des territoires s'ouvre celui des hommes".
L'auditorium de la Fondation Louis Vuitton était plein à craquer ce matin à Paris pour la présentation du projet de candidature de la France à l'organisation de l'Exposition universelle de 2025.
Le thème de la candidature française, concentré dans sa signature, a été révélé à l'assemblée en milieu de matinée, logo à l'appui : "Au cœur des territoires s'ouvre celui des hommes"… peut-être plus lisible, car plus concret, en anglais : "Opening up the very heart of all people and lands".
Le thème veut embrasser beaucoup d'éléments à la fois : la redéfinition de l'espace (en éclatant les lieux d'exposition dans toute la France et en misant sur le Web), mais aussi des relations intergénérationnelles (en laissant une grande place à la jeune génération), de la place de l'entreprenariat (le projet s'appuie en grande partie sur le privé), de l'hospitalité et de l'accueil (un vrai défi pour la première destination touristique mondiale).
Les étudiants, qui ont largement contribué à l'élaboration du projet, ont beaucoup mis l'accent sur cette dernière notion, évoquée sur scène par Aurore Le Lièvre, étudiante à l'Université Panthéon-Sorbonne, venue en leur nom à tous.
Un village numérique de 200 000 m2 dans le Grand Paris
La candidature ne se concentre pas sur un lieu ou une capitale, comme ExpoMilano 2015 par exemple, mais sur tout le territoire français (Paris, Grand Paris et les métropoles régionales), où les espaces existants seront mobilisés pour accueillir les pays. Emmanuel Macron, venu soutenir le projet, non pas pour "participer à une candidature de témoignage, mais pour que ce soit un succès", pense à ce titre que "la France de 2025 ne sera pas un hypercentre mais des territoires qui travaillent en réseau".
Il s'agit en effet de miser sur l'innovation, le numérique et l'hyperconnexion, des notions au cœur de la troisième révolution industrielle, pour proposer une version participative et inédite d'une Exposition universelle, qui inviterait le monde à participer, à travers une plate-forme de crowdsourcing (partage de données en ligne), au développement d'initiatives novatrices.
Dans l'air du temps, plutôt que d'évoquer des visiteurs, on parle ainsi d'accueillir des acteurs et des participants, et plutôt que de proposer une exposition, on présente une expérience à vivre, selon les thèmes chers aux entreprises collaboratives.
Le projet se matérialise en un lieu emblématique : un grand village numérique de 200 000 m2, prévu "au cœur du Grand Paris", sans plus de précision à ce jour, un espace virtuel dans lequel tous les pays auraient leur place, terrain de "découverte et de rencontre", "connecté aux territoires du monde".
Une façon de "repenser le temps et la territorialité", comme le souligne Jean-Christophe Fromantin, président d'ExpoFrance 2025, des notions qui ont explosé sous l'effet du progrès technologique. Selon lui, l'Exposition universelle de demain ne peut se contenter de présenter une succession de halls.
Un emprunt de 500 M€ pour préfinancer le projet
Autre idée présentée : la création d'un pôle d'accueil lié au tourisme et aux mobilités, avec à la clé la création d'une plate-forme de transport multimodal, qui aurait vocation à servir de "laboratoire des mobilités", dans un esprit entreprenarial.
Quant au modèle économique, Christian de Boissieu, économiste et vice-président d'Expo France 2025, s'est refusé à chiffrer les retombées économiques induites, mais a tenu à marteler que "le qualitatif difficile existe" et qu'il "faut en tenir compte", dans sa capacité à mobiliser à l'échelle d'une nation.
Afin de ne pas solliciter les finances publiques, un emprunt de 500 M€ serait réalisé auprès des particuliers et des entreprises, et garanti par l'Etat, "une garantie qui n'aurait certainement pas à être activée," selon Christian de Boissieu.
L'équipe d'ExpoFrance 2025 table sur des recettes de 3,1 Md€, générées par la billetterie à hauteur de 1,6 Md€ (estimations de 40 millions de billets vendus à 40€), les exposants à hauteur de 1 Md€, le reste via du sponsoring. Quant aux dépenses, elles sont estimées à 2,9 Md€, soit un bénéfice de 200 M€, destiné notamment à abonder les projets retenus dans le cadre du crowdsourcing.
Virginie Dennemont