Le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, créera à terme une autre compagnie pour exploiter les Airbus A350.
Il y avait un trou dans le plan de croissance d’Air Caraïbes entre 2014 et fin 2016, date d’arrivée du premier Airbus A350. Il est maintenant comblé avec la prise de contrôle de Corsair International par la maison mère, le groupe Dubreuil. Tout l’art maintenant consiste à habiller l’une sans donner l’impression de déshabiller l’autre.
Marc Rochet, qui pilote les intérêts aéronautiques du groupe vendéen Dubreuil, a d’emblée expliqué aujourd’hui qu’il renonçait à la mission impossible que serait la fusion d’Air Caraïbes et de Corsair, d’une compagnie saine et rentable et d’une autre qui l’est beaucoup moins avec un lourd historique de pertes.
Le montant de la transaction, qui sera complètement finalisée au mois de juin, n’a pas été indiqué et restera confidentiel dans le cadre d’un contrat entre deux sociétés privées non cotées. Tout juste a-t-il été indiqué que Corsair serait recapitalisée par son propriétaire TUI France avant la vente. Cela peut tout laisser supposer, y compris un paiement par TUI à Dubreuil pour "se débarrasser" de Corsair… On sait que la compagnie, ex-charter devenue régulière, n’entre pas dans le modèle du groupe TUI, qui possède des transporteurs dédiés aux voyagistes.
Si la conclusion de l’accord date de dimanche dernier et a été présenté hier au CE, les négociations remontent à plusieurs années et c’est la quatrième fois que TUI sollicite le groupe vendéen. Cette fois, les parties sont tombées d’accord sur le prix. Aussi Dubreuil a-t-il eu le temps de peaufiner une stratégie.
Deux sociétés sœurs gérées de la même manière
Dans un premier temps, les deux marques et les deux compagnies seront conservées en tentant de rationaliser Corsair. "Corsair va devenir une filiale à 100% du groupe Dubreuil et une société sœur d'Air Caraïbes, gérée de la même manière qu'Air Caraïbes", a expliqué Jean-Paul Dubreuil, président du conseil de surveillance du groupe et d'Air Caraïbes.
Toujours bénéficiaire depuis sa création en 2003, sauf une année, Air Caraïbes Atlantique, qui assure les lignes vers les Antilles, compte 896 salariés, dont 37 au sol, et cinq avions. Des partenariats à long terme permettent d’assurer la maintenance, l’assistance en escale, les opérations, etc. A Corsair, on compte 800 navigants pour sept avions et 350 personnes au sol. Ces dernières ne seront pas l’objet d’un plan social mais seront filialisées pour permettre aux compagnies de gagner d’autres clients.
L’échéance la plus importante pour les deux compagnies sera ensuite l’arrivée de l’Airbus A350 à la fin de l’an prochain. Pour voler à bord, les navigants qui le souhaitent seront invités à rejoindre un nouvel opérateur dédié à l’A350 qui produira des heures de vol pour Air Caraïbes et pour Corsair. Ainsi Marc Rochet, en partant d’une copie blanche, veut éviter des accords sociaux historiques de deux transporteurs qui s’empilent, incompatibles avec une nouvelle génération de long-courrier. 800 heures de vol par navigant et par an sont visées, la limite règlementaire européenne étant de 900 heures.
En vue du rachat de Corsair, le groupe Dubreuil a d’ailleurs porté de huit à onze le nombre d’A350 qui seront exploités en propriété ou en location d’ici à 2024. Cela correspond aux trois Boeing B747-400 qui doivent sortir de la flotte en 2017. Ils nécessitent à cette date un passage très coûteux en grande visite qui les destine au ferrailleur.
Thierry Vigoureux