En 2014, l'Hexagone a accueilli autant de touristes qu'en 2013, pendant que les autres destinations sont en croissance.
La France, première destination touristique au monde, a fait du surplace en 2014 en accueillant 84,7 millions de touristes internationaux, soit autant qu'en 2013, selon des chiffres provisoires de l'Organisation mondiale du tourisme obtenus par le groupement Alliance 46.2.
L'Alliance 46.2, qui réunit une vingtaine de grandes entreprises du secteur touristique français, publie ce chiffre pour 2014 sur son site internet, dans son numéro "Les Brèves" daté de février. Elle s'inquiète que "le tourisme français continue de perdre des parts de marché" et divulgue une série de tableaux comparatifs dont il ressort que la France patine.
Une telle absence de croissance est inédite depuis la crise de 2009 où il y avait eu un recul du nombre de visiteurs (-3%), relevait lundi L'Echo touristique.
"Les derniers chiffres publiés par l'Organisation mondiale du tourisme confirment l'accentuation de la perte des parts de marché de la France", estime l'Alliance 46.2, en évoquant un "décrochage de la France très net depuis le point bas qu'a connu le tourisme international en 2009".
Comparant la situation sur les dix dernières années (2005-2014), l'Alliance 46.2 note que "la croissance des arrivées de touristes étrangers en France a été la plus faible parmi les dix premières destinations touristiques mondiales". La France affiche ainsi 13% de progression de 2005 à 2014, contre +53% pour l'Allemagne ou +32% pour l'Italie.
Source : Alliance 46-2
Il convient toutefois de rappeler qu'en tant que première destination touristique au monde, la France a une marge de progression plus limitée que des destinations jusque-là beaucoup moins fréquentées.
En Thaïlande, destination en plein boom depuis dix ans, le nombre de visiteurs internationaux a ainsi augmenté de 109% entre 2005 et 2014, à 24,2 millions. En Turquie, la hausse est de 67% à 40,3 millions, selon un tableau comparatif. L'Allemagne a elle progressé de 53% à 32,9 millions et ainsi rattrapé le Royaume-Uni (+18% à 32,9 millions), l'Italie a fait +32% au cours de la décennie, accueillant 48,2 millions de touristes internationaux en 2014, et l'Espagne a avancé de 17% à 65,3 millions.
Le tourisme, "cause nationale" ?
Le président François Hollande avait décrété à l'été 2013 la mobilisation générale sur le tourisme français, érigeant le sujet en "cause nationale", pour endiguer la perte de compétitivité du secteur actée par plusieurs rapports ces dernières années. Le but est de repasser devant l'Espagne en termes de recettes touristiques.
Le vote la semaine dernière à l'Assemblée Nationale de l'ouverture de Zones Touristiques Internationales, dans lesquelles les magasins pourront être ouverts le dimanche et le soir jusqu'à minuit, a été présenté par le gouvernement comme une mesure phare qui devrait aider à booster les recettes. "Ca va à la fois créer des emplois, apporter un supplément de pouvoir d'achat aux salariés et permettre aux touristes, qu'ils soient français ou étrangers, d'être beaucoup plus nombreux, donc je pense que c'est gagnant", a déclaré Laurent Fabius, invité dimanche du Grand Rendez-vous ITélé/Le Monde/Europe 1.
De son côté, François-Henri Pinault, le PDG du groupe Kering (Yves Saint-Laurent, Gucci, Balenciaga, Alexander Mc Queen, Puma…) a martelé devant la presse à l'occasion de la présentation de ses résultats annuels que le tourisme était "une mine d'or" : "c'est l'une des plus grandes industries dans ce pays, il faut en prendre conscience", a-t-il déclaré, remarquant toutefois qu'"on ne peut pas dire qu'on en fasse beaucoup en marketing" pour attirer les touristes.
C.R. avec AFP