
Des compagnies asiatiques ont augmenté le montant en euros de leur taxe carburant. Le prix de certaines prestations terrestres s'en trouve aussi accru.
Face à la hausse du dollar contre l’euro, plusieurs compagnies asiatiques (Singapore Airlines, Thai Airways, Malaysia, Cathay Pacific…) ont décidé d’augmenter sur les marchés européens leur surcharge carburant YQ, car celle-ci est libellée en dollars. "Le montant en dollars de la taxe ne change pas mais les compagnies nous le refacturent plus cher en euros. C'est un effet mécanique", explique Thierry Girard, le directeur transport d’Asia.
Cette décision passe mal auprès des TO alors que le cours du baril de pétrole a plongé, passant de 100$ à moins de 50$ en un an. Les cours sont toutefois repartis depuis quelques jours, le brent étant aujourd’hui en hausse de 3% à la bourse de Londres, à plus de 58$.
Les TO opérant sur l’Asie sont néanmoins obligés de répercuter ces augmentations de charges transport (à moins de prendre sur leur marge) auprès de leurs clients. Des décisions difficiles à faire accepter alors que les médias se sont largement fait écho de la baisse du prix du baril, et que les clients en voient désormais le bénéfice en faisant un plein pour leur véhicule.
"Nous sommes pris entre deux feux, avec d’un côté le pétrole qui baisse et que les compagnies ne nous répercutent pas dans les taxes YQ, et de l’autre la hausse du dollar. Cela peut avoir un impact sur les marges", reconnaît Emmanuel Foiry, président de Travel Lab (ex-Kuoni France).
Obtenir un geste des compagnies pour les résas déjà réalisées
Les négociations sont donc âpres avec ces transporteurs afin d’obtenir un geste pour les groupes ou clients individuels ayant déjà réservé. "Nous discutons avec les compagnies et il arrive que nous trouvions une solution, mais parfois nous n’avons pas d’autre choix que de répercuter ces hausses", confie Guillaume Linton, directeur commercial et marketing d’Asia.
"C’est une attitude de voyou, alors que nous en sommes déjà à 400€ voire 450€ de taxes sur un voyage", n’hésite pas à déclarer pour sa part Didier Blanchard, directeur associé de Visiteurs, qui a tout particulièrement dans son viseur Singapore Airlines. Et d’enfoncer le clou : "Cette décision va nous pousser encore un peu plus vers les compagnies du Golfe", ces dernières facturant l'YQ en euros. "C’est clair que cela entraîne une perte de compétitivité des compagnies asiatiques par rapport à leurs concurrents", ajoute Thierry Girard.
Les prestations terrestres facturées en dollars ne sont pas épargnées
La hausse du dollar ne touche d’ailleurs pas que la surcharge carburant. "Cette hausse du dollar peut impacter le montant des prestations terrestres, et pour un montant beaucoup plus important que la taxe YQ", ajoute Guillaume Linton, d’Asia.
Geoffroy de Becdelièvre, fondateur et Pdg du TO online Marco Vasco, nous précisait récemment que la faiblesse de l'euro aura un impact non négligeable aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et au Vietnam, où 75% des prestations sont achetées en dollars.
"Les prestations terrestres ont augmenté de 40%, calcule-t-il. Un voyage aux Etats-Unis qui valait 2 500 € l'été dernier, quand l'euro valait 1,40$, va coûter 3 500 € l'été prochain, avec un euro pratiquement à parité avec le dollar."
Certains voyagistes ont donc entamé la remise à jour – à la hausse – de leurs tarifs. "Il commence à y avoir des réajustements, témoigne un TO spécialiste des USA sous couvert d’anonymat, mais uniquement sur les produits que nous ne produisons pas directement ; sur le reste nous sommes couverts."
Sur les Etats-Unis, le pays du dollar roi, Michel-Yves Labbé, président du Visit USA Committee France, considère en effet que l’impact devrait rester marginal car "la plupart des grands TO achètent des dollars pour se couvrir, à hauteur d’un tiers voire de la moitié de ce qu'ils vont dépenser dans l'année aux Etats-Unis". Et d'estimer que "l'aérien n'augmentera pas sur les Etats-Unis, car tout le monde achète en euros. A la limite, au lieu d’aller dans un hôtel 4*, les Français iront peut-être dans un 3*". Pas de quoi à ses yeux faire en sorte que les Français boudent cette année les USA pour leurs vacances.
Stéphane Jaladis, avec C.R.