
La désignation d'un économiste sans expérience du secteur suscite la controverse.
A la surprise générale, le chef du gouvernement tunisien Habib Essid a présenté vendredi la composition de son cabinet. Douche froide pour les professionnels du tourisme : le nom proposé pour le portefeuille n'a, contrairement à ce qu'ils avaient vivement plaidé auprès des nouveaux responsables, aucun rapport avec le secteur.
Economiste de formation, Mohsen Hassan, 44 ans, a travaillé dans le secteur bancaire, enseigné dans le supérieur et dirigé plusieurs affaires. Il est le patron du Groupe Mohsen Hassan, qui regroupe à la fois une petite chaîne de fast-food, des activités d'import-export, de l'immobilier et un bureau d'études qui a un peu travaillé sur la mise à niveau du secteur touristique.
Il est l'un des trois ministres issus de l'Union patriotique libre (UPL), le parti populiste du riche homme d'affaires Slim Riahi, parfois surnommé le "Berlusconi tunisien". Une étiquette qui n'est pas pour rassurer les professionnels, qui voient se concrétiser leurs craintes de récolter un ministre "issu d'un calcul politique, et non des besoins du secteur", dit Nadia Ktata, secrétaire générale de la fédération des agences de voyages, qui se dit "dégoûtée".
"Fatigués de venir tout expliquer aux ministres"
"On n'a rien contre la personne, ni le parti, assure-t-elle. Mais on avait demandé un ministre technicien, qui puisse agir immédiatement." "On est fatigués de venir expliquer à chaque nouveau ministre les spécificités et les priorités du secteur", tempête Mehdi Allani, patron du Sultan à Hammamet, qui a collaboré avec tous les ministres qui se sont succédé depuis octobre 2011.
"C'est un nom inattendu, mais on demande à voir son programme, temporise pour sa part Radhouane Ben Salah, président de la fédération hôtelière. Le tourisme connaît des problèmes assez importants, il faut trouver des solutions et les mettre en exécution rapidement. Il y a des dossiers urgents : l'environnement, l'endettement, l'amélioration de la qualité."
Contesté de toutes parts, il n'est pas assuré que ce gouvernement obtienne la confiance de l'Assemblée lors du vote, prévu ce mardi.
Elodie Auffray, à Tunis