
Les syndicats appellent à une grève dure en pleine période des fêtes.
A peine lancée, la nouvelle tentative du gouvernement portugais de privatiser la compagnie aérienne TAP a déjà du plomb dans l'aile : l'opposition en fait un casus belli et les syndicats appellent à une grève dure en pleine période des fêtes.
Seule une suspension de la privatisation peut entraîner une levée du mot d'ordre de grève, ont prévenu lundi soir les douze syndicats de la compagnie publique qui comptent débrayer du 27 au 30 décembre pour dire "non" à la décision de vendre leur entreprise.
La grève coûterait 8 M€ par jour
"Une grève de quatre jours à Noël n'est sans doute pas une bonne nouvelle pour un acheteur potentiel", a commenté Francisco Calheiros, président de la Confédération du tourisme du Portugal (CTP), qui redoute des "effets désastreux" sur l'économie du pays. La facture risque d'être lourde : selon la direction de la TAP, chaque jour de grève coûte 8 millions d'euros en période de vacances. S'y ajoute l'ardoise de 25 millions d'euros d'une année riche en conflits sociaux.
Du coup, les résultats financiers ne seront pas à la hauteur des espérances, a prévenu le président de la TAP, Fernando Pinto : "Nos objectifs seront difficilement atteints. Nous ne savons pas si nous ferons des bénéfices cette année".
Première compagnie européenne pour les liaisons avec le Brésil, la TAP avait dégagé en 2013 un bénéfice net pour la cinquième année consécutive, à 34 millions d'euros. Le gouvernement de centre droit a décidé à la mi-novembre de mettre en vente 66% du capital de la TAP, après l'échec d'une première tentative de privatisation en décembre 2012.
Sans tabler sur une recette importante, l'Etat cherche surtout des investisseurs prêts à assumer le passif de la compagnie, évalué à près de 1 milliard d'euros, et à la recapitaliser pour financer son développement. "Le gouvernement est prêt à brader une compagnie aérienne porte-drapeau à un prix dérisoire", accusent les syndicats, qui font valoir que leur grève vise à "défendre les intérêts de la TAP et du pays".
Une bataille politique
Parmi les éventuels repreneurs figure German Efromovich, propriétaire de la compagnie colombienne Avianca, dont la candidature avait été rejetée en 2012, faute de garanties bancaires. Un consortium formé par les hommes d'affaires américain Frank Lorenzo et portugais Miguel Pais do Amaral est également sur les rangs, tout comme Globalia, la maison mère d'Air Europa, et l'Américano-Brésilien David Neeleman, fondateur de la compagnie brésilienne Azul.
"Si nous conservons le statu quo, cette entreprise stratégique pour le tourisme national va disparaître", a prévenu le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, assurant que l'Etat ne pouvait pas y injecter des capitaux en raison des règles européennes. A l'inverse, le chef de l'opposition socialiste, Antonio Costa, favori dans les sondages pour lui succéder à l'issue des élections législatives en 2015, a jugé "extrêmement périlleux de renoncer au contrôle public sur ce grand pilier de la souveraineté nationale".
Avec AFP