
La compagnie de La Réunion, revenue à l’équilibre, doit trouver les moyens financiers et matériels pour se développer depuis le bout du monde.
L’objectif de retour à l’équilibre d’Air Austral a été obtenu en deux ans dès ce dernier exercice avec un résultat d’exploitation de 8,7 millions d’euros et un résultat net de 4,6 millions d’euros.
Il sera vraisemblablement conservé lors de la publication des prochains comptes, selon Marie-Joseph Malé, Pdg d’Air Austral, même si une légère baisse de la recette unitaire liée au contexte économique joue sur la fréquentation des classes affaires Club et Confort. "Le remplissage de la cabine arrière en période de crise a aussi dû être stimulé avec des promotions", note Jean-Marc Grazzini, directeur commercial.
On sait que la restructuration du réseau au départ de La Réunion a consisté principalement à fermer les escales de province (sauf Marseille en période de pointe) ainsi que la route vers Sydney et Nouméa. En même temps, la desserte de Roissy-CDG a été concentrée sur deux quotidiens dont l’un de jour. Cela optimise l’utilisation de l’avion, qui ne reste pas au parking dans la journée.
Conséquence, la flotte de quatre Boeing B777 d’Air Austral en compte alors un de trop une partie de l’année. Ce coût peut parfois être minimisé par des locations à d’autres compagnies, comme cela a été le cas avec la compagnie Garuda pour assurer le transport des pèlerins à La Mecque. Mais le B777 est trop gros pour ouvrir de nouveaux marchés, comme la desserte de l’Inde, de la Thaïlande ou de la Chine, des destinations demandées par les instances touristiques de La Réunion.
200 M€ de recapitalisation
L’utilisation actuelle d’un moyen-courrier B737 vers l’Asie n’est pas idéale car elle nécessite une escale technique. Cet avion est, par ailleurs, très sollicité sur le réseau régional, au point que les deux fréquences hebdomadaires vers Bangkok avec un remplissage de 77% ne peuvent être augmentées.
Idem pour l’Afrique du Sud, qui alimente maintenant La Réunion en touristes depuis que le visa peut être délivré à l’arrivée à l’aéroport de Saint-Denis. A terme, le déficit d’offre surviendra pour la desserte des Seychelles, qui a séduit plusieurs voyagistes (Airtour, Hotelplan, TUI). Ceux-ci, dès la réouverture de la ligne en juin, ont proposé des séjours combinés.
Sujet récurrent des réunions stratégiques et des conseils de surveillance, le choix d’un nouvel avion est le passage obligé de la croissance d’Air Austral. La compagnie doit en même temps regarder ses comptes après 200 millions d'euros de recapitalisation et un crédit revolving courant jusqu’en 2019.
Un appareil de la capacité du Boeing B787 Dreamliner (moins de 300 sièges) serait adapté. Chez Airbus, le futur A330neo pourrait convenir d’autant plus qu’il pourra rallier Paris à La Réunion à pleine charge, ce qui n’est pas le cas de l’A330-300 proposé actuellement.
Et Air Austral dispose d’un "avoir" chez Airbus correspondant aux arrhes versées pour la commande de deux A380 qui ne seront pas livrés. A un horizon 2022 sera également nécessaire le remplacement des B777 qui sont en leasing.
T.V.