Après six mois d'exploitation entre Paris-CDG et New York-Newark, le concept de "boutique airline" semble rencontrer son public, avec remplissage du B757 monoclasse de 50%.
Depuis le 21 juillet, date du premier vol du Boeing B757 de La Compagnie, qui opère uniquement en classe affaires entre Paris et New York, la montée en fréquence a été progressive. Les six rotations par semaine actuelles passeront à sept avec l’arrivée d’un second appareil, prévue en janvier.
Le remplissage moyen atteint 50%, "meilleur que prévu", indique Peter Luethi, un Suisse vivant à New York, cofondateur de La Compagnie. Parmi les profils de passagers observés, on note souvent des hommes d’affaires partant en vacances en famille. Toujours selon le transporteur, 60% des clients ont pour origine la France et 40% les Etats-Unis.
C’est un beau taux de pénétration du marché outre-Atlantique obtenu en seulement quelques semaines. La communication sur le concept de "boutique airline" fait appel aux canaux classiques, avec la presse et des publicités dans les trains du Connecticut, le riche Etat voisin de New York. Plus originaux sont les cocktails organisés par les "ambassadeurs", des fans de La Compagnie, pour leurs amis. Des réunions Tupperware du transport aérien, en quelque sorte.
En France, La Compagnie n’a pas pu bénéficier pleinement en septembre de l’effet grève d’Air France, ses vols n’étant pas encore en machine, ce qui est le cas maintenant. Les tarifs actuels, à partir de 1 202 euros aller et retour, sont "destinés à augmenter tout en restant 30% à 50% moins cher que les concurrents", selon Peter Luethi.
"Nous finalisons un programme de fidélisation pour le premier trimestre 2015", ajoute Frantz Yvelin, autre cofondateur de La Compagnie (et de L’Avion en 2007, répondant au même concept). Les passagers qui ont voyagé depuis l’ouverture de la ligne en bénéficieront rétroactivement."
L'arrivée d'un deuxième avion permettra le passage en quotidien
La régularité de l’exploitation a été de 97%, ce qui signifie que moins de cinq vols ont été annulés pour raisons techniques ou commerciales depuis le démarrage. La ponctualité est de 85% et il est difficile de faire mieux à Roissy-CDG et à New York-Newark. Aux heures où les vols sont opérés, il n’y a généralement pas d’attente en vol ou au décollage. Idem pour les passagers qui peuvent accéder aux aéroports hors des heures de forte circulation automobile. De plus, Newark est relié à Manhattan par un train particulièrement pratique.
L’arrivée d’un deuxième avion permettra donc de passer en quotidien. Pour optimiser son utilisation s’est posée la question d’une deuxième fréquence. Finalement, la création d’une deuxième desserte a été retenue, cette fois entre Londres et New York, prévue pour la fin du mois de mars prochain. C’est le premier marché transatlantique, avec 4 millions de passagers par an, plus du double de Paris-New York, avec une forte demande en classe affaires.
Si le choix de l’aéroport (Gatwick ou Luton) n’a pas encore été tranché, le produit offert restera celui de La Compagnie avec sa "French touch", même si des équipages seront basés à Londres, à New York et à Paris. L’opérateur se dit également très sollicité pour des affrètements par des clubs sportifs ou de grandes sociétés, le Boeing B757 de La Compagnie étant le seul appareil long-courrier tout classe affaires sur le marché européen.
Frantz Yvelin avoue ne pouvoir répondre que rarement à ces demandes compte tenu de la ligne régulière à assurer. Mais cela pourrait changer dès qu’un troisième appareil entrera dans la flotte.
Thierry Vigoureux, à New York