Les pertes consécutives au mouvement des pilotes ne masquent pas les conséquences d’une reprise timide de l’activité cette année.
On attendait les résultats trimestriels du groupe comme une façon certaine de chiffrer le vrai coût de la grève de quinze jours menée par les pilotes en septembre. Comme prévu, elle plante les résultats trimestriels. L’impact direct du mouvement social français sur les comptes d’Air France-KLM est finalement chiffré à 330 millions d’euros sur le résultat d’exploitation. Ce dernier s'élève à 247 millions contre 641 millions un an plus tôt.
Le chiffre d'affaires a, lui, été réduit de 416 millions d'euros par la grève, à 6,69 milliards d'euros (-6,7%). Le résultat net a chuté de 32%, à 100 millions d'euros.
On ne connaîtra que plus tard l’impact global du mouvement social sur les réservations et le trafic à venir. La perte d’image est longue à apprécier et difficile à chiffrer. D’où l’estimation souvent faite d’un demi-milliard d’euros pour le total.
Le résultat net trimestriel chute de 32% en un an, à 100 millions d’euros. Sur les neuf premiers mois de l’année, Air France-KLM réduit cependant ses pertes, son résultat net ressortant à -514 millions d’euros, contre -651 millions d’euros l’année dernière, une conséquence du plan Transform 2015.
Simulations "à données comparables", hors grève
Pierre-François Riolacci, le directeur général adjoint économies et finances du groupe, s’est livré lors de la présentation des résultats à quelques calculs qui ne prennent pas en compte les taux de change et l’impact de la grève.
Il s’avère que, sans cette grève, le chiffre d'affaires aurait été quasiment stable (+0,2%) et le résultat d'exploitation n'aurait diminué que de 18 millions d'euros. Cumulé sur neuf mois, le résultat d'exploitation augmenterait même de 267 millions d'euros. "L'économie de la zone euro n'a pas montré au cours du troisième trimestre les signes de vitalité que certains lui prêtaient en début d'année. Nous sommes toujours dans une économie molle", a résumé Pierre-François Riolacci.
Dans les chiffres du troisième trimestre 2014, cela se traduit au niveau du chiffre d’affaires de l’activité passagers, qui s’élève à 5 232 millions d’euros, par une baisse de 8,2% et de 0,3% à données comparables (toujours grève et taux de change exclus).
Le résultat d’exploitation de l’activité passagers s’établit à 211 millions d’euros, contre 584 millions d’euros au troisième trimestre 2013, en baisse de 40 millions d’euros à données comparables (-373 millions d’euros en données publiés).
Parmi les facteurs identifiés, en Asie, mais aussi en Amérique du Nord, la hausse de la recette unitaire attendue n’a pas été au rendez-vous. Air France, en termes choisis, attribue cette stagnation aux "surcapacités", ce que l’on appelle en langage commun la concurrence des autres compagnies aériennes.
Le tabou de la baisse du prix du baril de pétrole
Sujet qui fâche (et qui n’est donc pas abordé), la baisse du prix mondial du pétrole avec un baril de Brent aujourd’hui à 85 dollars, contre 115 dollars en juillet, apporte peut-être la réduction de coûts la plus importante de la compagnie, faite sur le dos du passager. En effet, la réduction proportionnelle de la surcharge carburant qui plombe chaque billet n’est toujours pas envisagée.
Pour réduire ses investissements et rester en ligne avec ses projets de retour à la rentabilité, Air France négocie avec Airbus l’annulation de la commande de deux Airbus A380, dont la livraison avait déjà été différée. Ce contrat serait converti en commande d’Airbus A350 de moindre capacité et mieux adaptés au réseau comme à la croissance attendue du trafic.
T.V.