La compagnie aérienne vient de conclure un texte avec les syndicats représentatifs des pilotes concernant l’expansion de sa compagnie low cost.
Il n’y aura pas de Transavia bis, ni de clone de la compagnie low cost du groupe Air France-KLM, possibilité qu’avait proposée le Pdg du groupe, Alexandre de Juniac. Le Syndicat national des pilotes de ligne Air France, majoritaire, vient de faire savoir que les négociations post-grève avaient abouti et qu’il était prêt à signer un accord avec la direction.
Selon les termes de cet accord, Air France va pouvoir développer Transavia France dès l’été 2015 au-delà des 14 appareils B737 utilisés actuellement. Les pilotes affectés à la low cost "seront employés aux conditions d'exploitation et de rémunération de cette compagnie, afin de garantir sa compétitivité, ainsi que son développement en complémentarité avec le réseau Air France", précise le groupe dans un communiqué.
Ce communiqué met fin au plus long conflit d’Air France depuis sa privatisation, qui s’est soldé par un demi-milliard d’euros de pertes. Un demi-milliard pour rien ? En effet, les points d’accords déclinés par le SNPL étaient déjà acquis lors du troisième jour de grève, lorsque le Pdg du groupe franco-hollandais a accepté de retirer le concept de Transavia Europe. Il s’agissait d’une (ou des) low cost délocalisée hors de France ou des Pays-Bas pour bénéficier de coûts sociaux moins élevés.
De son côté, le SNPL renonce au contrat unique, qui voulait que les pilotes de Transavia aient les mêmes conditions d’emploi que ceux d’Air France. Actuellement, les pilotes de Transavia reçoivent sensiblement le même salaire que ceux d’Air France en moyen-courrier, mais assurent un nombre d’heures de vol supérieur, proche de ceux de Ryanair ou d’EasyJet. De plus, si les jours de repos réglementaires sont bien respectés, les jours d’indisponibilité (c’est une nuance !) sont très nombreux chez Air France.
Conséquence pratique de l’accord, les pilotes, volontaires d’Air France affectés chez Transavia France, opéreront selon les conditions d’utilisation et de rémunération actuelles de Transavia France, tout en conservant un lien direct et permanent avec la société Air France au travers de leur contrat de travail Air France. Ce n’est pas réellement nouveau, et c'est déjà le cas pour ceux qui ont accepté d’être affectés à la low cost depuis l’an dernier.
Le SNPL ne s’attarde pas sur les primes de transfert négociées (50 000 à 100 000 euros) et indexées sur le gain de productivité réalisé. Reste ce qui devrait être une formalité : le projet d’accord sera présenté aux représentants syndicaux du SNPL Air France ALPA ce vendredi 17 octobre lors d’un conseil syndical extraordinaire, puis l’ensemble des pilotes d’Air France sera consulté sur le texte dans les prochaines semaines. Cela semble acquis, à moins d’une volonté de la base de désavouer la direction du SNPL après ces deux semaines de grève.
Transavia France, que dirige Antoine Puissou, va poursuivre son développement en 2015 avec la mise en ligne de sept avions de plus (250 pilotes) s’ajoutant aux quatorze en service. Les vols vont permettre d’occuper le terrain en France et en Europe face à Ryanair, EasyJet, Vueling, Volotea, etc.
A Orly, les slots de décollage qu’abandonne Air France vont être repris par Transavia au lieu d’être remis au pot commun, donc distribués aux concurrents. Enfin, les transferts de pilotes en sureffectif à Air France vers Transavia vont permettre de réduire – un peu – les 500 millions d'euros de déficit du moyen-courrier en 2013.
Le grand perdant de l’opération est peut-être la compagnie Hop!, filiale moyen-courrier du groupe, qui exploite des avions de moindre taille. Tous les avions de plus de 110 sièges du groupe Air France, hors Transavia France, seront pilotés par des pilotes Air France sous contrat Air France aux conditions Air France, rappelle le SNPL. Ce qui interdit à Hop! de mettre en service (comme prévu) des avions plus productifs.
T.V. et S.J.