En plus de l'APST, qui compte plus de 3 000 adhérents, des organismes comme Atradius tentent de capter une part plus importante du marché.
Même si Raoul Nabet, président de l'APST, insiste sur le fait que l'association est la seule à déplafonner le montant des garanties, à rembourser le client à 100%, à se substituer aux services du tour-opérateur ou du distributeur défaillant, il n'empêche que des chefs d'entreprises ont choisi une autre solution pour se garantir financièrement.
L'autocariste Richou Voyages, le distributeur Cap 5 ou, plus récemment, le tour-opérateur Travel Lab (ex-Kuoni France), se sont tournés vers Atradius pour leur garantie financière. Atradius Caution a un statut de compagnie d'assurance, revendique la première place de garant indépendant (hors banques) en France, et annonce 10% de parts de marché dans le secteur du tourisme, contre 67,5% pour l'APST selon Atout France.
La mutualisation des risques par l'APST remise en cause
A croire Jean-Michel Rath, directeur du miniréseau Cap 5 (21 agences), la cotisation d'Atradius lui revient 40% moins cher que celle de l'APST, qui plus est, sans demande de contre-garantie. "Certes, la garantie est limitée à 2,8 millions d'euros, mais Cap 5 n'encaisse pas autant que ce montant, donc l'argent du client ne court pas de risque en cas de défaillance", estime-t-il.
Pour Emmanuel Foiry, Pdg de Travel Lab, dont le montant de garantie est d'environ 4 millions d'euros, "le modèle économique de Travel Lab, qui revend à 70% via des agences, a été jugé par Atradius moins risqué qu'un modèle entièrement BtoC. Au vu de notre état financier, aucune contre-garantie ne nous a été demandée, et le montant de la cotisation est intéressant", se félicite-t-il.
Daniel Richou, Pdg de Richou Voyages (28 points de vente), déclare régler une cotisation 50% moins élevée qu'à l'APST. "Nous sommes garantis à hauteur de 2,9 millions d'euros, et je ne touche pas aux fonds déposés par mes clients, assure-t-il. Certes, la garantie est plafonnée, mais l'entreprise possède des autocars et des fonds de commerce en cas de problème."
Ces trois entrepreneurs fustigent la mutualisation imposée par le modèle de l'APST, qu'ils jugent pénalisante. "Je veux bien être mutualisé, mais avec d'autres distributeurs qui font le même métier que moi. Ce serait plus logique", souligne Jean-Michel Rath.
Suivre l'évolution de la réglementation
Du côté d'Atradius, Bruno Pesché, directeur de l'activité Caution France, se veut pragmatique : "Plusieurs systèmes peuvent cohabiter sur le marché, en plus de l'APST. Notre approche est différente, nous sommes plus axés sur la sélection des clients en amont, en se basant sur l'étude des fonds propres, de la trésorerie, de l'utilisation des acomptes. Notre métier est de gérer le risque, avec un taux de refus de 20%. Et nous n'avons pas de critères stricts sur les contre-garanties", avoue-t-il.
Il se déclare prêt à suivre l'évolution de la réglementation, sur le relèvement de la garantie minimale et sur l'obligation éventuelle de garantir 100% des fonds déposés.
"La concurrence est saine, avance-t-il. Nous sommes également en cours de réflexion sur la prise en service, c'est-à-dire assurer les prestations plutôt que rembourser les fonds déposés. Cela peut faire sens si notre activité grandit, et cela peut rassurer notre client et le consommateur." A suivre…
Catalina Cueto