
La low cost irlandaise a annoncé une commande massive, de quoi lever le voile sur ses projets.
La low cost irlandaise vient d'annoncer aujourd'hui une commande de 100 Boeing B737, pour un prix catalogue de 11 milliards de dollars. Mais que compte faire la compagnie avec autant d'avions ?
Tout d'abord, Ryanair a des velléités de développement dans le Moyen-Orient, et pour cela elle compte s'appuyer sur le rachat de la chypriote Cyprus Airways.
Elle a présenté une offre non contraignante, susceptible de désistement, pour le rachat de Cyprus Airways, et pourrait lancer une offre ferme au début de l'an prochain si la compagnie irlandaise à bas coûts obtient le feu vert du gouvernement chypriote.
Cette décision de la compagnie aérienne fait suite à une réunion entre le président-directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, et le gouvernement chypriote, qui détient plus de 90% du capital de Cyprus Airways. La compagnie nationale chypriote n’est donc plus "le seau d’ordures ne survivant que grâce à des aides d’Etat", ainsi qualifiée autrefois par Michael O’Leary, dont on connaît le sens des nuances.
Environ deux mois d'audit seraient nécessaires avant de lancer une offre ferme. Ryanair figure dans la liste de près de 20 sociétés ayant manifesté leur intérêt pour la compagnie chypriote, en perte depuis des années en dépit de plusieurs plans de redressement.
Michael O’Leary a estimé qu'il pourrait porter le nombre de passagers sur Cyprus Airways à 3 millions par an, contre 600 000 actuellement, en chute de 50% par rapport à ses meilleurs résultats. Qu'y a-t-il de séduisant chez Cyprus Airways (six avions) pour Ryanair, qui pratique peu la croissance externe ? Seule Buzz (sa vingtaine d’avions et surtout ses créneaux à Londres-Stansted) avait été rachetée en 2004 à KLM et complètement absorbée.
Accéder à de nouveaux droits de trafic
Ce qui intéresse Ryanair, c’est surtout le certificat de transporteur aérien chypriote, qui permettrait d’accéder à de nouveaux droits de trafic et de lancer des vols vers Tel-Aviv, Beyrouth, la Jordanie, l’Egypte ou la Russie. L’accord de ciel ouvert entre Israël et l’Union européenne, conclu en avril dernier, donne la possibilité à Ryanair de s’y développer.
La compagnie a officiellement demandé à Yisrael Katz, ministre des Transports israélien, l’autorisation d’y lancer des liaisons.
Transavia France, qui a commandé sept avions, ne joue pas dans la même cour que Ryanair. La commande massive de 100 Boeing B737 MAX – une nouvelle version de 200 sièges au lieu de 189 – qui vient d’être annoncée par Boeing et Ryanair doit toutefois être replacée dans son contexte, en sachant qu’une partie de ces avions n’arrivent pas en plus dans la flotte mais sont aussi destinés à remplacer les plus anciens en service.
Négoce et projets transatlantiques
Autre aspect moins connu, Ryanair pratique le négoce d’avions. Les commandes imposantes bloquent des positions sur les lignes d’assemblage du constructeur. Elles peuvent être revendues avec bénéfice à d’autres compagnies en manque d’appareil ou moins prévoyantes. Par ailleurs, Ryanair évalue à la fois l'Airbus A350 et le Boeing B787 pour une utilisation sur des services transatlantiques à venir.
Directeur du marketing de Ryanair, Kenny Jacobs a déclaré au Sunday Times : "Nous avons un modèle économique. Nous avons besoin d’avions et de voir chez Boeing ou Airbus s’il y a quelques stocks dus à un client en difficulté, ce qui nous permettrait de démarrer notre plan transatlantique". Parmi les dessertes visées, on cite Dublin, Londres-Stansted et Milan vers Newark, New York-JFK et Boston.
Thierry Vigoureux