Les deux accidents du MH370 disparu et du MH17 abattu pèsent sur le remplissage des avions de la compagnie de Kuala Lumpur qui fait ses comptes.
Quel sera l'avenir de la compagnie Malaysia Airlines ? La seule chose, peut-être certaine sur l’avenir, est le maintien du nom de Malaysia Airlines, selon ses dirigeants. La compagnie de Kuala Lumpur doit faire face au contrecoup économique de la disparition le 8 mars d'un Boeing assurant la liaison vers Pékin (vol MH370). Quant aux conséquences de l’autre catastrophe aérienne, le vol MH17 abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine le 17 juillet, elles sont encore à venir dans les comptes de la compagnie.
1. Faire face à une situation financière complexe
Déjà mal en point depuis 2011, Malaysia Airlines a vu son déficit quasiment doubler au deuxième trimestre avec une perte nette de 305 millions de ringgits (73 millions d'euros). Sur cette période avril-juin a été enregistrée une chute des réservations, selon les résultats publiés. Il s'agit du sixième trimestre consécutif dans le rouge. Mais les effets conjoncturels des accidents ne doivent pas masquer une tendance structurelle très difficile pour la compagnie.
Si une hausse du trafic de 19% était notée au début de cette année, elle s’accompagnait d’une augmentation des recettes de seulement 4,2%. Autrement dit, le développement de l’activité ne générait que des pertes. La dette, elle, a été multipliée par deux en deux ans, les charges financières afférentes passant de 33 à 106 millions d’euros. Pendant cette période 2012-2013, Malaysia Airlines a reçu près de quarante nouveaux avions dont six A380 (deux desservent Paris), faisant tomber l’âge moyen de la flotte de onze à cinq ans.
2. Réussir son nouveau plan de restructuration
Le nouveau plan de restructuration vise à retrouver la rentabilité en trois ans. Le fonds d'investissement public Khazanah Nasional, qui détient 70% de son capital, veut injecter 6 milliards de ringgits (1,44 milliard d'euros). L’Etat, via Khazanah, souhaite aussi prendre le contrôle complet de la compagnie et racheter les 30% restants détenus par des actionnaires minoritaires pour s'assurer toute latitude dans le sauvetage de l'entreprise qui perd entre 1 et 2 million d’euros par jour. En même temps, la suppression d’un poste sur trois devrait faire descendre le nombre d'employés de 20 000 à 14 000.
3. Revoir l'ensemble de ses dessertes
Malaysia Airlines, membre de Oneworld devra renoncer à certaines dessertes déficitaires et devenir une compagnie principalement régionale. On ne sait pas encore si des lignes comme celle de Paris sont menacées. Air France avait, par ailleurs, ouverte Paris-Kuala Lumpur l’an dernier.
Le changement de modèle n’est pas aisé car Malaysia Airlines risque d’entrer en concurrence frontale avec AirAsia, la low-cost de Tony Fernandez qui, avec ses 120 Airbus A320 (360 en commande) dessert 92 destinations. AirAsia occupe un terminal entier à Kuala Lumpur.
4. Avec son nouveau patron, faire face aux demandes des religieux
Un nouveau président-directeur général de Malaysia Airlines sera nommé avant la fin de l'année. Le patron actuel, Ahmad Jauhari, restera à son poste jusqu'en juillet prochain pour assurer une transition en douceur. Le fanatisme religieux s’en mêle. Le parti majoritaire United Malays National Organization (UMNO) demande officiellement à Malaysia Airlines d’autoriser ses hôtesses musulmanes à porter le voile religieux. La section Jeunesse de l’UMNO, elle, réclame l’interdiction de la vente d’alcool à bord des avions de la compagnie nationale. Elle demande également que des invocations religieuses soient récitées avant chaque vol. Des mesures peu susceptibles de favoriser le remplissage des avions.
Thierry Vigoureux