Après un mois de juillet morose, les hôtels de l'île tunisienne affichent complet, en août.
Christophe et Bénédicte voulaient "être sûrs d'avoir du soleil" et n'avaient ni le temps ni l'argent pour un voyage au long cours, comme ils les affectionnent. Ce couple de Toulousains a donc opté, "un peu par hasard ", pour Djerba, une première pour eux. "On n'est pas venus pour visiter la Tunisie", commente Bénédicte depuis son transat, au bord de la piscine de l'hôtel Hasdrubal. Ils n'en sont pas sortis de la semaine.
C'est également "le rapport qualité/prix/soleil" et la proximité qui ont poussé Nicolas et Sophie à choisir l'île. Ces deux Franciliens n'avaient "aucune crainte" à venir. "Djerba, c'est un peu différent du reste de la Tunisie", perçoit Nicolas.
"On a des gens qui n'étaient plus venus depuis 2011, et qui sont de retour cette année, même s'ils m'ont dit avoir hésité, rapporte encore Noureddine Mahdoui, le directeur de l'établissement, l'un des 135 de la zone. Il faut du temps pour regagner la confiance."
Une bonne demande sur l'arrière-saison
D'autant que "la situation dans les autres pays de la région n'est pas encourageante", analyse Farhat Ben Tanfous, secrétaire général de la Fédération régionale de l'hôtellerie. L'adoption de la constitution et l'arrivée d'un gouvernement apolitique, au début de l'année, avaient redoré l'image de la Tunisie et suscité l'espoir de renouer avec les scores d'avant la révolution. Espoir quelque peu déçu, à Djerba comme partout dans le pays. "C'est une saison moyenne, pas très bonne, mais pas catastrophique, résume Farhat Ben Tanfous. Les hôtels affichent complet en août, mais juillet a été un peu plus dur. Pour l'arrière-saison, on commence à avoir une bonne demande."
Ainsi, au Dar Jerba, le complexe exploité par le TO Marmara, le taux d'occupation atteint 95% en août, contre seulement 80% en juillet. "Parce que c'était ramadan", explique Imed Chaouche, le directeur.
Quelques kilomètres plus à l'ouest, loin de la zone touristique, Isabelle Planchon ne sait plus où donner de la tête. "C'est la folie, on n'avait plus l'habitude", soupire-t-elle dans un sourire. Dar Bibine, sa maison d'hôtes, l'une des quelque 60 que compte désormais l'île, fait elle aussi le plein, ce mois d'août. Mais "juillet a été catastrophique, comme l'an dernier", nuance-t-elle. Quant aux réservations, "elles ont démarré très tard, les gens sont toujours dans l'attente", observe la Belge.
Les ordures s'accumulent
Le village d'Erriadh, où est installé Dar Bibine, connaît un début d'effervescence : la centaine d'artistes qui participent au projet de street art Djerbahood, de la galerie parisienne Itinerrance, se succède depuis le début de l'été, pour peindre sur les murs des ruelles. Le bouche-à-oreille commence à fonctionner et, chaque jour, en fin d'après-midi, les vacanciers défilent pour visiter ce "musée à ciel ouvert". L'inauguration est prévue pour fin septembre.
Un autre spectacle, moins gracieux, vient ternir le paysage de Djerba : celui des ordures qui s'accumulent dans les rues de Houmt Souk, la principale commune. Pendant plus d'un mois, les poubelles n'ont pas été ramassées, à la suite du blocage de la décharge municipale par les riverains. La collecte a repris début août, mais la situation reste précaire. "Quand ils font l'excursion "tour de l'île", les gens rentrent dégoûtés. Ils font beaucoup de réflexions, sur les forums, observe Imed Chaouche. C'est dommage, ça ne peut que nuire à l'image de Djerba."
Elodie Auffray, à Djerba