Face aux manquements récurrents dans le ramassage des ordures, certains trouvent des solutions.
Les clichés ont suscité une flopée de commentaires indignés: une vingtaine de personnes, balais et sacs poubelle à la main, y nettoient les rues de Sousse, l'une des principales stations balnéaires de Tunisie (voir les photos). Chapeaux de paille, shorts ou casquettes, plusieurs arborent des tenues de vacances. "Nos touristes, balai à la main", s'émeut le site spécialisé destinationtunisie.info. "Quand des étrangers nettoient la saleté des Tunisiens", titrait le site Business news . Une "honte", ont réagi de nombreux Tunisiens sur les réseaux sociaux.
"Ce ne sont pas des touristes, mais des représentants de Thomas Cook en Tunisie", corrige Salwa Guedri, commissaire du tourisme à Sousse. Le TO a organisé mi-juillet, avec son partenaire réceptif TTS, une opération de sensibilisation baptisée "making holidays greener" ("rendre les vacances plus vertes"). Le voyagiste a mis à contribution ses collaborateurs tunisiens et ses salariés étrangers résidant en Tunisie.
L'anecdote, toutefois, est révélatrice : depuis la révolution, le ramassage des ordures est aléatoire, ce qui constitue l'un des principaux motifs de mécontentement des Tunisiens, et notamment des professionnels du tourisme. Les crises lors desquelles les poubelles ne sont plus ramassées, sont régulières, la plupart du temps en raison de mouvements sociaux parmi les éboueurs.
Les zones touristiques relativement épargnées
En ce moment, c'est à Djerba que la situation est la plus critique. L'unique décharge contrôlée de l'île a été fermée en 2012, suite à des émeutes : les riverains se plaignaient de nombreuses nuisances. Dans l'urgence, les municipalités ont donc rouvert des dépotoirs sauvages. Mais le provisoire a duré : à Houmt-Souk, principale commune de l'île, les riverains de la décharge anarchique se sont à leur tour révolté et l'ont bloquée. Depuis deux mois, faute de débouché, les poubelles ne sont donc plus ramassées et jonchent les rues. Le projet de centre pilote de tri sélectif, notamment pour les hôtels, a également capoté, suite au rejet "d'une poignée d'habitants manipulés", accuse Naceur Bouabid, président de l'association de sauvegarde de l'île de Djerba. Face à la crise, l'ensemble du conseil municipal a démissionné.
"La zone touristique, à l'est, est relativement épargnée du spectacle des ordures", indique Jalel Henchiri, président de la fédération hôtelière régionale. En effet, la municipalité de Midoun dispose d'une décharge sauvage. La fédération, aux côtés de multiples autres composantes de la société civile, brandit tout de même la menace d'une grève générale, si une solution durable n'est pas trouvée. Déjà, jeudi, un arrêt de travail de quatre heures a été observé, perturbant notamment les activités de l'aéroport. Une délégation gouvernementale est attendue ce samedi à Djerba.
Elodie Auffray, à Tunis