Le colloque organisé aujourd'hui par La Tribune réunissait les principaux acteurs du secteur.
Rarement un colloque n’a réussi à réunir un aussi beau plateau : le Paris Air Forum, organisé par La Tribune avec ADP, a réuni aujourd'hui à Paris une kyrielle de PDG du transport aérien, de patrons de l’industrie mais aussi de responsables de l’administration.
Parmi la douzaine de sujets traités, l’avenir des compagnies aériennes face aux low-costs mais aussi face aux transporteurs du Golfe a été largement évoqué. Aleandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM et ancien directeur général de l’aviation civile, ont répondu ou décrypté les questions ci-dessous. Synthèse de leurs réponses.
1. A quels dangers font face les majors européennes ? La structure en hub des compagnies qui, pour remplir les avions long courriers, nécessite des vols moyen courriers de préacheminement. Ces derniers sont financés, pour une petite part, d’une "subvention" issue du billet des passagers long courriers. Le reste est assuré par les billets des passagers point à point qui sont aussi sollicités par les low-costs avec des tarifs inférieurs.
Cette part de trafic reste essentielle pour la survie du modèle économique du hub. Sans cela, Air France, avec uniquement la clientèle française, ne pourrait exploiter qu’une vingtaine de liaisons long courriers au départ de Roissy-CDG contre près de quatre vingt en hub.
2. Comment peuvent-elles retrouver un second souffle ? Concurrencées par des low cost qui montent en gamme, par les compagnies du Golfe sur le long-courrier... Pour les aider, les intervenants d'aujourd'hui préconisaient de favoriser une concurrence loyale avec des statuts sociaux, fiscaux et financiers (investissements) comparables. Pour Air France, la bataille des coûts vis-à-vis des compagnies asiatiques ou du Golfe est perdue. Reste celle de la qualité de service où le groupe franco-hollandais peut s’imposer : Air France est la deuxième marque française en termes de notoriété dans le monde, derrière L’Oréal…
3. Les compagnies peuvent-elles mourir ? L’été dernier, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective tirait la sonnette d’alarme dans un rapport au titre anxiogène : "Les compagnies aériennes sont-elles mortelles ?". Le sont-elles ? Les pouvoirs publics, qu’ils soient Français ou Européens, doivent arrêter de taxer le transport aérien, réclament les intervenants du Paris Air Forum, qui mettent en avant leurs marges très faibles. Pour Air France, la hausse de la taxe Chirac représente 60 millions d’euros.
Thierry Vigoureux