
Le transatlantique l’été, les Caraïbes l’hiver : la compagnie mise sur 4 axes géographiques pour équilibrer ses saisons.
La compagnie du groupe Transat AT qui a transporté 3,8 millions de passagers en 2013, est connue en France pour ses vols au départ de Paris vers Montréal (jusqu’à quatre quotidiens et 35% de parts de marché) mais aussi vers Québec, Toronto, Vancouver et Calgary. Elle décolle également de sept autres villes françaises (Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, Lyon, Mulhouse), ce qui en fait la première compagnie long courrier à l’international en province.
La France, malgré une réduction de 2% du nombre de sièges en pointe due à des changements d’avion, est de loin le premier marché européen d’Air Transat devant la Grande-Bretagne. Paris est la destination historique d’Air Transat avec un premier vol Montréal-Mirabel-Orly en mai 1988. Cette année, Air Transat ouvre Prague. Pas de nouvelle ville française prévue à court terme, seule la montée en fréquences et en capacité avec des avions plus gros (A330 de 345 sièges au lieu d’A310 de 245 sièges) est privilégiée.
Une concurrente sur Nice
Air Transat affronte cette année la concurrence d’Air Canada Rouge, une filiale loisirs de la compagnie nationale, sur Nice, trois fois par semaine. "A ce jour, nous n’avons pas ressenti de baisse du remplissage sur cette ligne", note Jean-François Lemay, directeur général d’Air Transat. Nice est plus prisée par les passagers canadiens alors que les autres escales affichent un rapport de 48% de Canadiens pour 52% de Français, sauf Nantes où les Français sont vraiment plus nombreux, ce qui est du au dynamisme des voyagistes locaux. "En quatre ans, les ventes réalisées par les agences de voyages traditionnelles ont augmenté de 5%", se félicite Lydia Morinaux, directeur France de la compagnie québécoise.
Deux responsables à Paris gèrent l’équipe de 13 commerciaux de la maison-mère, Vacances Transat, chargés aussi de représenter la compagnie aérienne dans les régions. Les efforts récents ont porté notamment sur la présence auprès des Pme-Pmi via le réseau Selectour Afat. Avec sa classe Club, Air Transat représente une opportunité intéressante pour des professions appelées à voyager souvent, et des tarifs négociés sont susceptibles de pallier à l’absence de programme de fidélité.
L'été entre l'Ouest et l'Est, l'hiver entre le Nord et le Sud
Entre l’été et l’hiver, Air Transat change son fusil d’épaule et passe d’une configuration ouest-est à une autre nord-sud.
Changement de cap en effet pendant le long hiver canadien : la clientèle locale apprécie alors d’aller au sud vers la Floride, la Caraïbe, le Mexique, etc. Air Transat y tire alors 80% de ses revenus, le reste étant généré par quelques vols transatlantiques maintenus dont un Paris-Montréal quasi quotidien. Le programme hiver s’appuie sur des vols moyen courriers d’une durée de 3,5 heures où l’A330 n’est pas productif. Air Transat les cloue au sol évitant les 525 000 à 695 000 dollars de loyer mensuel, en loue un à XL Airways en France et exploite à la place des Boeing 737-800 parfaitement adaptés à ces vols comparables à des Paris-Marrakech.
Aux quatre 737 d’Air Transat s’ajoutent alors huit avions saisonniers dont quatre venus de Transavia et d’Europe Airpost. Les pilotes, ce qui est unique au monde, sont qualifiés à la fois sur Airbus A330 et sur Boeing 737. Aéroports de Montréal et Transports Canada ont aussi compris l’importance de l’enjeu et autorisent un départ dès 6 heures et un retour à 1 heure du matin, ce qui permet de caser une double rotation quotidienne vers Punta Cana, par exemple. Les compagnies basées en France peuvent toujours en rêver…
Thierry Vigoureux, à Montréal