L'ancien patron et son directeur financier faisaient l'objet d'une citation directe par le parquet de Bobigny.
Le tribunal correctionnel de Bobigny a renvoyé jeudi l'audience de deux ex-dirigeants de Nouvelles Frontières, accusés de présentation de comptes frauduleux et d'escroquerie, à l'origine d'un trou comptable de 36 millions d'euros chez le voyagiste (lire notre article sur l'explication de ce montant).
L'audience a été renvoyée au 21 mai 2015 à la demande des parties, qui attendent de recevoir l'ensemble des pièces du dossier, dont certaines ont été placées sous scellés.
Jean-Marc Siano, ancien patron du groupe et présent à l'audience, et Patrick Lebufnoir, ex-directeur financier, absent de celle-ci, faisaient l'objet d'une citation directe par le parquet de Bobigny, qui les soupçonne d'avoir "dissimulé directement ou en qualité de complice la véritable situation financière" de Nouvelles Frontières, entre juillet 2009 et mars 2011.
460 000 euros de primes indues ?
Selon l'accusation, cette manœuvre comptable, qui porte sur un montant de 36 millions d'euros, leur aurait permis de toucher quelque 800 000 euros de primes indues, dont 460 000 € pour l'ex-directeur et 324 000 € pour l'ancien responsable financier.
"Jean-Marc Siano n’a perçu aucune prime pour les exercices concernés par l’affaire en cours", nous assurait en mars dernier son avocat, maître Christophe Llorca. "Mon client n'a en aucun cas touché de primes indues, a-t-il aussi assuré à l'AFP. Il a touché des primes comme les autres dirigeants, qui sont sans rapport avec les résultats de la société."
La justice avait été alertée en juillet 2011 par les commissaires aux comptes du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) d'irrégularités comptables sur plusieurs exercices sous l'égide de Jean-Marc Siano, qui a dirigé Nouvelles Frontières de 2006 à fin mai 2011. Le successeur de Jean-Marc Siano, Pascal de Izaguirre, avait lui aussi écrit un courrier d'alerte à la justice, après son arrivée à ce poste en juin 2011.
Jean-Marc Siano a contre-attaqué en annonçant via son avocat son intention d'engager des poursuites contre la maison mère britannique de TUI France, et contre les commissaires aux comptes du groupe, qu'il estime responsables des irrégularités dans le bilan.
TUI France a cumulé plusieurs exercices de lourdes pertes, plombé par les mauvaises performances de Nouvelles Frontières. Le groupe boucle actuellement un nouveau plan de départs et ne vise pas le retour à la rentabilité avant 2015. Les derniers résultats font état d'une perte d'exploitation de 55,2 millions d'euros.
C.R. avec AFP