A Paris, Lyon, Marseille, mais aussi dans les capitales européennes, les taxis font grève pour protester contre ces concurrents.
De Londres à Rome en passant par Berlin et Paris, les taxis protestaient aujourd'hui mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), en particulier celle faite par la société américaine Uber, qui cristallise toutes leurs craintes.
Uber, qui compte à son capital Google et Goldman Sachs et vient d'être valorisée à 17 milliards de dollars, permet aux clients de localiser et réserver le véhicule de tourisme avec chauffeur le plus proche d'eux, grâce à une application. Temps d'approche, licence et contraintes diverses imposées aux taxis ne sont pour l'instant pas applicables dans cette nouvelle économie, que des particuliers peuvent exercer dès qu'ils ont trois ans de permis.
La plupart des chauffeurs qui travaillent via Uber ont en effet un statut d'autoentrepreneur. "Nous, les taxis, nous sommes limités à 11 heures de travail par jour, mais les chauffeurs d'Uber peuvent travailler 18 heures s'ils veulent ! râlait Fouad Ben Temelist, un chauffeur de taxi interrogé par nos soins. J'ai 6 000 euros de charges par mois, entre la location de la voiture et du matériel de taxi, l'essence, l'assurance… Un VTC, s'il a 1 200 euros de charges par mois, c'est un maximum."
Les chauffeurs de VTC sont censés travailler uniquement sur réservation et ne pas prendre de clients à la volée. Mais les utilisateurs peuvent lancer une "réservation" cinq minutes avant la course, et les taxis estiment donc que cela revient au même que prendre le client à la volée. Autre point de tension : les assurances. Les chauffeurs de VTC n'ont ainsi pas forcément d'assurance pour le transport de personnes.
"Non à la concurrence déloyale"
La grogne des taxis contre ces concurrents qu'ils estiment déloyaux est européenne : le mouvement de grève est parti de Grande-Bretagne, et sera aujourd'hui déployé en France, en Allemagne, en Espagne et en Italie. A Madrid, la grève doit durer 24 heures et une manifestation est prévue en fin de matinée. A Rome, les chauffeurs envisagent de faire une "grève à l'envers" en effectuant les courses au prix maximum de dix euros, afin de s'aligner sur les tarifs de la concurrence. En Allemagne, des cortèges sont prévus à Berlin et à Hambourg.
En France, entre 250 et 300 taxis étaient rassemblés vers 8h30 à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, a constaté l'AFP. A Orly, près de 200 véhicules stationnés en tête des stations de taxis bloquaient la prise en charge des clients, selon une source aéroportuaire. Vers 8h15, une vingtaine de voitures étaient rassemblées à la gare Saint-Charles de Marseille et autant à la gare TGV d'Aix. Une cinquantaine de véhicules réunis à l'aéroport de Marignane créaient des ralentissements.
Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine. D'autant que, dans les syndicats de taxi, on murmure que le président Hollande aurait à cœur de préparer l'arrivée de Veolia Transdev, présidé par son camarade de promotion à l'ENA Jean-Marc Janaillac, dans le VTC…
C.R.