Le ministre des Affaires étrangères prend le secteur très au sérieux et multiplie les déclarations en faveur de l'incoming mais aussi de l'outgoing.
C'est du jamais vu. Le numéro deux du gouvernement qui profite de son aura médiatique pour mettre en avant les enjeux du tourisme pour la France : l'agenda de Laurent Fabius confirme la prise de conscience de l'importance du secteur par le pouvoir, notamment depuis le rattachement début avril au ministère des Affaires étrangères.
Ce matin, le ministre n'a pas hésité à mouiller la chemise en accueillant des touristes chinois à l'aéroport de Roissy-CDG, en présence de Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, et d'Augustin de Romanet, le Pdg d'ADP. Il faut bien reconnaître que ce déplacement a autrement plus de portée que la tentative de Sylvia Pinel il y a quelques semaines, et conforte les déclarations de Fleur Pellerin sur le sujet lors de sa visite en Chine la semaine dernière.
Quelques photos de Laurent Fabius souhaitant la bienvenue aux passagers d'un vol en provenance de Pékin, ce matin dès 6h, assorties de déclarations stratégiques sur l'intérêt que porte la France au marché du tourisme chinois, suffisent à créer l'événement, et à attirer l'attention sur la manne potentielle pour le pays.
"Il y a actuellement 1 milliard de touristes chaque année dans le monde, il y en aura 2 milliards en 2030, il faut que la France en capte une partie", a-t-il déclaré lors de sa visite. "Il faut que cette industrie se développe, il y a une potentialité extraordinaire, et cela passe par l'accueil dès l'aéroport", a souligné Laurent Fabius, qui a pris des notes et fait des propositions d'amélioration tout au long du parcours, comme l'a observé un journaliste de l'AFP.
Un accueil "efficace" et "aimable" sur toute la chaîne
Toutes les étapes du cheminement des passagers ont été passées en revue par les deux ministres, durant leurs deux heures au sein du premier aéroport français : signalétique, temps de passage en douane, information aux voyageurs, attente des bagages…
Concernant les taxis, Laurent Fabius a notamment évoqué la possibilité d'un forfait entre l'aéroport et Paris, "pour éviter les abus et informer en amont", et d'une couleur unique pour les véhicules à mesure que se renouvelle la flotte, comme à Londres ou New York.
Rappelant que le tourisme représente 7% des emplois en France, il a exprimé la nécessité que les touristes "se disent qu'on les accueille bien", et sa volonté qu'ils "restent plus longtemps afin qu'ils dépensent plus", en les incitant, entre autres, à "aller dans d'autres régions" que Paris.
Une visite remarquée, qui fait suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères ce week-end : il a réaffirmé son soutien à l'ouverture dominicale des commerces dans les zones touristiques, en prenant hier l'exemple des Galeries Lafayette.
Laurent Fabius avait déjà égréné hier, dimanche, la chaîne d'accueil des touristes en France, citant les visas, les trains, les avions et "le premier accueil", à savoir l'aéroport, qu'il veut "efficace" et "aimable", évoquant ensuite "les taxis, les moyens de transport, les hôtels, la formation, les commerces…"
Si le tourisme réceptif bénéficie de toutes les attentions du ministre, il n'oublie pas pour autant son rôle de premier diplomate de France : préparant l'arrivée du Premier ministre tunisien Medhi Jomaa pour une visite de deux jours en France (ce lundi et demain), il a réitéré son intention de passer une partie de ses vacances en Tunisie, "pour montrer l'exemple", et parce que "c'est un exemple agréable".
Qu'il s'agisse de l'incoming ou de l'outgoing, les professionnels du tourisme n'osaient plus espérer un tel ambassadeur pour le secteur…
V. Dennemont