La Gendarmerie des transports aériens (GTA) a traqué pendant deux jours les paiements frauduleux à la carte bancaire dans les aéroports, lors d'une opération initiée par Europol.
Aux comptoirs d’enregistrement ou même à l’arrivée des vols internationaux, les militaires de la Gendarmerie des transports aériens (GTA) ont, ces deux derniers jours, demandé des comptes à certains passagers.
Pour une fois, il ne s’agissait pas de trouver de la drogue ou de combattre l’immigration clandestine mais de comprendre comment le billet d’avion a été acquis alors qu’il était recensé sur une liste de titres de transport signalés en défaut de paiement.
Dans la majorité des cas, il s’agit d’achats réalisés avec des cartes bancaires fausses ou volées. "Il n’y a pas de destination privilégiée et les soixante gendarmes mobilisés pendant 48 heures ont relevé aussi bien des fraudes sur des vols domestiques que des billets pour Istanbul, Naples, Rio de Janeiro ou Bogota", constate le colonel Francis Hubert au PC de l’opération installé à la Direction générale de l’aviation civile, à Paris.
Les aéroports concernés étaient essentiellement Roissy-CDG – où ont eu lieu vingt interpellations –, Orly, Bordeaux, Marseille et Nice. Mais l’opération initiée par Europol concernait 33 pays (24 de l'Union européenne et 9 pays tiers) sur 61 plates-formes aéroportuaires.
Le fraudeur peut être arrêté au départ à l’enregistrement ou à l’embarquement mais aussi à l’arrivée du vol. La durée du voyage est alors précieuse pour identifier l’arnaque. Aujourd’hui, avec la dématérialisation du billet d’avion comme celle de la carte bancaire, de nouvelles failles apparaissent.
Les compagnies ont collaboré avec Europol
Avec un billet acheté en dernière minute, la compagnie aérienne n’a pas toujours la possibilité de vérifier que la carte bancaire est valable lors de l’achat. La déclaration de vol peut aussi ne pas être immédiate, laissant le temps d’acheter un billet mais pas celui nécessaire au voyage.
Si l’alerte apparaît un peu plus tard, il est pratiquement impossible pour une compagnie aérienne de demander des comptes à un passager à sa descente d’avion sans l’aide des forces de l’ordre. De plus circulent sous le manteau et même sur Internet des listes de vrais-faux numéros de cartes bancaires.
L’absence de vérification des documents d’identité en zone Schengen rend la fraude plus facile. On sait, par ailleurs, qu’on peut acquérir un billet d’avion avec un faux passeport, comme ce fut le cas pour, au moins, deux passagers embarqués à Kuala Lumpur sur le vol MH370 disparu.
La GTA a reçu un total de 56 signalements (près d'un quart du total de l'opération). Ces sollicitations ont donné lieu à quatre mesures de garde à vue, neuf auditions libres, quatre opérations de contrôle d'identité et douze enquêtes. Si Air France, EasyJet, Lufthansa, Alitalia ont particulièrement bien coopéré avec Europol, le monde du transport aérien comme les banques n’aiment pas que l’on évoque les fraudes à la billetterie qui se répercutent parfois sur toute une chaîne de prestataires (tour-opérateurs, agences de voyages, etc.) qui peinent à obtenir la régularisation ultérieure.
Contrairement au transport ferroviaire, il est impossible d’embarquer à bord d’un avion sans billet. Mais il faut s’assurer que celui-ci a réellement été acquis. Globalement, la fraude à la carte bancaire, estimée à 450 millions d’euros par an en France, toucherait 3% des billets d’avion, un chiffre que personne ne veut infirmer ou confirmer.
Thierry Vigoureux