L’association des compagnies aériennes demande aux Etats de mieux remplir leurs rôles.
Hasard du calendrier, c’est à Kuala Lumpur, en Malaisie, que vient de se tenir la conférence sur les opérations aériennes de l'Association du transport aérien international (IATA). Dans son discours d’ouverture, Tony Tyler, directeur général de Iata, a mis l'accent sur deux points : le suivi des avions et le contrôle des documents des passagers.
Mais il a d'abord replacé le transport aérien dans un contexte sécuritaire. En 2013, sur 12 millions de vols d’avions occidentaux, on compte 12 pertes de coque, des accidents où l’avion est totalement détruit. C’est 1 accident pour 2,4 millions de vol, un ratio en amélioration de 14,6% depuis cinq ans.
Un autre communiqué de Iata envoyé du siège à Montréal fait état de 210 morts en 2013 contre 414 en 2012. "Si les accidents sont rares, on ne doit jamais avoir de complaisance vis-à-vis de la sécurité", rappelle Tony Tyler.
Des progrès à faire au sol
Les premiers enseignements tirés des turpitudes du vol MH370 montrent que, déjà au sol, des progrès restent à faire. On sait qu’au moins deux passagers voyageaient avec des passeports volés. "Il est important de se rappeler que les compagnies aériennes ne sont pas les gardes-frontières ni des policiers. Le contrôle des passeports est de la responsabilité bien établie des gouvernements", martèle le patron de Iata dont les compagnies membres fournissent néanmoins des données fiables avec l’API (Advance Passenger Information).
Iata demande que les services d’immigration améliorent le contrôle des passeports et vérifient qu’ils ne sont pas sur la liste des documents volés d’Interpol. Notons qu’en cas de passager identifié porteur d’un faux passeport, il est refoulé aux frais de la compagnie aérienne qui reçoit en plus une amende.
Le suivi des aéronefs en vol est le deuxième point abordé lors du congrès de Kuala Lumpur. "Dans un monde où chaque geste semble être suivi, il est inimaginable qu’à la fois un aéronef disparaisse et que les données des enregistreurs de vol soient si difficiles à récupérer. Après le vol 447 d'Air France qui a connu des problèmes similaires, certains progrès ont été réalisés. Mais on doit aller plus vite. Nous ne pouvons pas laisser un autre avion tout simplement disparaître", a expliqué Tyler.
Les recommandations techniques émaneront de l’Organisation internationale de l’aviation civile, une structure onusienne dont la rapidité d’action n’est pas légendaire.
La recherche de la boîte noire pourrait prendre 1 250 jours
Sur l’océan Indien, les recherches continuent. Un détecteur de boîte noire, fourni par les Etats-Unis, a été mis en œuvre. Pour se rendre compte de l’immensité de la tâche, il faut savoir qu’il doit explorer une zone de 319 000 km2. Cet hydrophone, qui peut capter des ondes se propageant sous l’eau, est remorqué à 5 km/h. Sa portée est de 2 km. Le navire qui le tire va donc parcourir près de 150 000 km. Cela prendra 1 250 jours si une zone plus précise n’est pas identifiée ou si la chance ne permet pas de trouver plus rapidement l'objet…
Chez les autorités malaisiennes, chaque jour amène sa nouvelle part d’amateurisme. La dernière en date est la publication d’une nouvelle version de la transcription des derniers échanges par radio de l’équipage avec le centre de contrôle de Kuala Lumpur. La dernière phrase est désormais "Bonne nuit, Malaysia trois sept zéro" au lieu de "Eh bien, bonne nuit". Cela change tout !
Thierry Vigoureux