Si le projet aboutit, la liaison ferroviaire rapide vers l’aéroport francilien pourrait entrer en service en 2023. Sans nouvelle taxe, à condition que les huit millions de passagers par an soient atteints.
Serpent de mer avant de devenir, peut-être, un serpent de fer, le projet de liaison CDG Express entre la gare de l’Est à Paris et l’aéroport de Roissy-CDG a été relancé par le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, lors de la cérémonie de vœux d’Aéroports de Paris (ADP).
Le ministre l’avait déjà évoqué fin août dernier au séminaire ministériel de rentrée sur la France de 2025. On croyait que tout avait été dit sur le coût des travaux, le trajet, les tarifs pour les passagers, le financement, etc. Eh bien non ! A la demande de l’Etat, ADP et Réseau Ferré de France (RFF) doivent créer une société commune pour mener à bien de nouvelles études.
Le montage juridique définitif sera alors révélé en avril, ainsi que le financement choisi qui, quoi qu’il arrive, ne fera pas appel aux fonds publics. Même si la zone aéroportuaire de Roissy-CDG apporte d’énormes ressources fiscales et des centaines de milliers d’emplois, aucun élu ne s’est jamais prononcé pour une participation publique au financement de la voie ferrée. A cela, une raison majeure : les utilisateurs du futur CDG Express ne sont pas des électeurs.
Une structure RFF/ADP serait gestionnaire d'infrastructure en charge de la conception, de la construction, du financement et de la maintenance de CDG Express. Une autre serait chargée de l’exploitation. Un consortium SNCF/RATP serait candidat, dont on peut déjà apprécier le savoir-faire sur la ligne B du RER (!), celle qui dessert Roissy-CDG avec des retards et des pannes au quotidien…
Une liaison comme à Francfort, Londres ou Amsterdam
A Air France, on s’en félicite car la desserte ferroviaire express de Paris serait alors à la hauteur de celles offertes ailleurs dans le monde, comme à Francfort, Londres ou Amsterdam. Mais la compagnie nationale rejette tout projet de taxation d’office des billets d’avion pour financer la ligne ferroviaire, ceci afin de rester compétitif après avoir encaissé déjà les hausses de la taxe Chirac, de la TVA et des redevances aéroportuaires. Cette nouvelle taxe ne semble pas inéducable.
Pour éviter d'avoir recours à des recettes complémentaires, il faudrait "8 millions de passagers dès la première année d'exploitation", estime Alain Quinet, le directeur général délégué de RFF, à l'occasion de son séminaire de presse qui s’est tenu à Genève. La prévision de trafic actuelle compte 6 millions de passagers à l'ouverture de la ligne, avec un prix du billet plein tarif de 24 euros.
Prévu pour entrer en service en 2023, CDG Express mettra 20 minutes avec quatre trains par heure, de 5 heures du matin à minuit. Sur les 32 kilomètres de parcours, 8 kilomètres de voies nouvelles devront être construits, entre Mitry-Mory et l'aéroport. Coût du projet : 1,7 milliard d'euros, auxquels il faut ajouter le coût des rames nécessaires.
Thierry Vigoureux