Le Scara, syndicat des compagnies aériennes autonomes, lance un droit d’alerte face à l’avalanche de hausses. Son président ne mâche pas ses mots.
Le ras-le-bol fiscal est aussi à l’ordre du jour des compagnies aériennes. Même si Laurent Magnin (XL Airways) n’a pas coiffé un bonnet rouge et garde sa légendaire casquette bleue, le discours du syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara), qu’il préside, est pour le moins ferme.
Au montant de la hausse (encore confidentiel, estimé à 3,5%) des redevances d’Aéroports de Paris en 2014, le Scara, en accord avec la Fédération nationale de l’aviation marchande, oppose une baisse de 5%. La commission économique consultative se réunit le 19 novembre pour faire une proposition au conseil d’administration d’ADP.
En fait, c’est Bercy, via l’agence des participations de l’Etat (majoritaire à ADP), qui tranche, note le Scara qui attend une prise de position, voire un arbitrage, du ministre des Transports. Frédéric Cuvillier avait présenté le 6 février dernier une communication en Conseil des ministres sur le soutien au secteur aérien pour un renforcement de la compétitivité de l’économie française.
Il y avait été décidé d’"accompagner les efforts de productivité et de restructuration des compagnies aériennes par des mesures fiscales et financières leur permettant de restaurer leur compétitivité".
"Une hausse impossible à répercuter sur le prix du billet"
Face aux augmentations aéroportuaires, à celles de la taxe Chirac et de la TVA, le Scara lance un droit d’alerte d’un secteur qui n’embauche plus et ne remplace pas les départs en retraite. Les compagnies du Scara réalisent chacune des chiffres d’affaires de 250 à 300 millions d’euros et transportent entre 1 et 2 millions de passagers par an, rappelle le syndicat.
"Une hausse de un euro de taxe ou de redevance est impossible à répercuter sur le prix du billet d’avion dans l’environnement concurrentiel", explique Laurent Magnin. "C’est donc un million d’euros qui vient en déduction de la marge, 3 à 5 millions d’euros quand il y en a une. Nous sommes comme au Moyen Age quand un noble décrétait une hausse de l’impôt sans se préoccuper des répercussions" assène-t-il.
"Le coup de sifflet de nos actionnaires, au moindre écart, peut se traduire par des plans sociaux", renchérit Jean-François Dominiak, vice-président et patron d’Europe Airpost, qui souhaite faire réagir les pouvoirs publics face au transport aérien français en situation d’échec.
Thierry Vigoureux