
Air France-KLM botte en touche et demande des informations complémentaires.
L’éventuelle montée au capital d’Alitalia par Air France semble au point mort. A Rome, la direction de la compagnie a fait savoir qu’il lui fallait 100 millions d’euros pour passer une première échéance et qu’il faudrait remettre la main à la poche ensuite. Les politiques italiens verraient bien une montée au capital d’Air France-KLM allant jusqu’à 50%.
A Roissy-CDG, le dernier conseil d’administration ne dit rien, se cachant derrière une demande supplémentaire de comptes. Dans les couloirs, certains avouent franchement leur réticence. A Amsterdam, où on a déjà donné lors d’une première tentative de rapprochement avec Alitalia en 2000, on n’en pense pas moins.
Quelle serait la meilleure situation pour Air France-KLM dans ses rapports avec Alitalia ? La moins mauvaise sera celle qui fera débourser le moins possible au groupe franco-hollandais, qui doit mener son propre redressement. Se négocient actuellement 2 800 départs de salariés de plus. Difficile d’expliquer dans ces conditions que l’on soutient l’emploi au-delà des Alpes.
Une perte nette de 294 M€ au premier semestre
La préoccupation majeure concerne les passagers italiens. Que vont-ils devenir s’il n’y a plus Alitalia alliée d’Air France-KLM ? Le troisième marché d’Europe devient une proie toute désignée pour Lufthansa. Les passagers long-courriers changeraient d’avion à Francfort ou à Munich au lieu de Paris ou Amsterdam. Alitalia, il faut être clair, n’est pas une fin en soi, mais le moyen pour l’un des deux groupes de capter une clientèle qui voyage beaucoup.
Les PME italiennes, ne l’oublions pas, ont la fibre de l’export. A Air France-KLM, on sait très bien évaluer l’impact d’un tel rapprochement en Europe. Il suffit de compter le nombre de passagers espagnols qui passent désormais par Londres pour aller en Asie depuis le rapprochement d’Iberia et de British Airways au sein d’IAG.
Un accord verrouillant les partenariats d’Alitalia avec Air France-KLM avec l’entrée au capital d’investisseurs extérieurs au transport aérien serait la situation rêvée. La dure réalité, ce sont les comptes.
Alitalia a annoncé la semaine dernière une perte nette de 294 millions d'euros au premier semestre, contre 201 millions d'euros pour la même période de 2012, soit une hausse de près de 50% ! Son chiffre d'affaires s'est établi sur la période à 1,62 milliard d'euros, contre 1,69 milliard d'euros un an plus tôt.
Thierry Vigoureux