
Un livre, un procès, une action ministérielle visent la low cost irlandaise.
Un commandant de bord de Ryanair signe un livre qui vient de paraître chez Altipresse. Intitulé Ryanair, low cost, mais à quel prix, l'ouvrage analyse le mode de fonctionnement de la compagnie qui, on le sait, vise à réduire tous les coûts.
Mais cette politique menée à l’extrême peut avoir des conséquences sur la sécurité des vols. Outre le stress créé, la pression sur les équipages pour réduire à 25 minutes le temps (improductif) d’escale peut ensuite avoir un impact sur la conduite du vol.
Surtout, le rythme des jours de travail alternés avec ceux de repos peut amener à voler alors que le commandant de bord n’a dormi que trois ou quatre heures la nuit précédente.
Du carburant a minima
Enfin, comme dans toute compagnie, la politique de gestion du carburant vise à ne pas transporter plus de kérosène que nécessaire pour le vol prévu avec les réserves règlementaires et celles décidées par le commandant de bord en fonction de la météo et des attentes liées au trafic aérien.
Une forte pression est mise sur les pilotes pour embarquer du carburant a minima, quitte à demander une procédure spéciale en cas de déroutement comme cela s’est produit l’an dernier en Espagne.
Un révolté du Bounty
L’ouvrage qui décrit, par ailleurs, toutes les arnaques utilisées pour faire payer un peu plus les passagers (70 euros l’impression de la carte d’embarquement à l’aéroport, par exemple), est signé Christian Fletcher, un pseudo pour éviter d’être licencié dans l’heure. C’est aussi un clin d’œil en utilisant le nom du membre d’équipage du Bounty, chef des mutins.
Ryanair, en réponse, a déclaré avoir porté plainte contre l’éditeur mais, à ce jour, celui-ci n’a pas reçu le moindre courrier. Notons qu’un article très détaillé sur le fonctionnement et les dysfonctionnements de Ryanair est également paru dans la revue de l’APNA, une association de navigants proche du Syndicat national des pilotes de ligne.
Paradis fiscaux
La compagnie irlandaise doit répondre en ce moment de ses pratiques sociales à Marseille devant le tribunal d’Aix-en-Provence. Le procureur a requis une sanction très lourde avec l’équivalent de la confiscation de quatre avions.
De son côté, le ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, va saisir ses homologues européens lors de leur réunion prévue traditionnellement au salon aéronautique du Bourget.
"Ce n'est pas possible de toucher des subventions et de ne pas respecter la législation", a-t-il expliqué récemment devant la presse aéronautique française. De nombreux élus régionaux s’interrogent en effet sur la moralité des aides versées à la compagnie irlandaise qui, grâce à des sociétés offshore, transfère ensuite celles-ci vers des paradis fiscaux.
Thierry Vigoureux