Le monopole Air France-Aeroflot n’avait pas été remis en cause depuis Staline.
La renégociation des accords aériens bilatéraux entre la France et la Russie en mars dernier a mis fin à une situation de monodésignation mise en place en 1946 sous Staline.
Air France et Aeroflot se partageaient le marché de la ligne Paris-Moscou d’autant plus facilement que les deux compagnies appartiennent depuis 2006 à la même alliance SkyTeam.
Ce coup de pied dans la fourmilière permet à la française Aigle Azur et à la russe Transaero (deuxième dans son pays) de relier Orly à Vnukovo, deux aéroports séduisants car très proches de la capitale. "Malgré la récente désignation, nous avons voulu être présent dès cet été sur la ligne en opérant quatre vols et en en offrant onze par semaine en code share avec Transaero, explique Méziane Idjerouidene, directeur général délégué d’Aigle Azur, mais dès la fin de la saison Iata nous deviendrons quotidien."
A terme, la politique de code share des deux compagnies permettra d’offrir des vols en continuation de Moscou comme Saint-Pétersbourg, mais aussi à Paris en provenance d’Algérie ou du Portugal où Aigle Azur est très implantée.
Celle-ci poursuit sa politique de commercialisation multicanaux, notamment avec les grands réseaux intéressés autant par la clientèle loisirs que par les voyageurs affaires. Pour l’instant, les voyagistes français restent discrets alors que leurs homologues russes sont très intéressés par ces nouvelles capacités.
La ligne est assurée en Airbus A319 de 144 sièges dont 24 en affaires. L’offre tarifaire démarre à 360 euros TTC aller et retour (481 pour Air France-Aeroflot) et se démarque surtout par les départs d’Orly. "Compagnie historique née en 1946, nous pouvons proposer des promotions mais nous ne sommes pas low cost. En France, on peut communiquer sur le low cost, mais les structures de coût ne permettent pas de respecter ce modèle", estime le dirigeant d’Aigle Azur.
Avec douze avions (et un treizième en renfort l’été) et 1 200 salariés, la compagnie a transporté l’an dernier 1,8 million de passagers en vols réguliers à 92%. Avec un chiffre d’affaires de 320 millions d'euros, la compagnie est bénéficiaire… sans préciser de combien. Les projets de desserte de l’Irak et de la Libye sont au point mort, faute de clientèle affirmée.
Thierry Vigoureux, à Moscou