Les Comores viennent de publier un document qui évite soigneusement d'évoquer les circonstances de l'accident.
Le rapport de 67 pages produit par la commission d'enquête comorienne après le crash du vol Yemenia Sanaa-Moroni du 30 juin 2009 a toutes les apparences d'un rapport d'étape d'accident tel que le prévoit l'OACI pour favoriser la prévention et éviter que d'autres crashs comparables ne surviennent.
Mais ce document, que nous avons pu consulter, ne contient rien qui puisse faire avancer l'enquête. Cela désespère les familles des victimes souvent originaires de Paris ou de Marseille qui voient les actions en justice repoussées par Yemenia.
La majeure partie du rapport technique est consacrée à des événements qui n'ont pas d'incidence sur l'accident, comme la panne de deux feux lumineux d'approche à Moroni, alors que le crash s'est produit en mer à 20 km de l'aéroport et qu'il n'y a pas eu d'interférence avec le relief.
On peut toutefois sentir dans le dialogue avec le contrôle aérien que l'équipage est préoccupé par le vent de travers qui souffle au sol. Au point d'en avoir oublié le pilotage basique de l'avion, comme l'a montré l'enregistreur des données de vol lu au BEA au Bourget, éléments que ne produit pas le rapport comorien.
Un premier enquêteur comorien qui avait laissé entendre que l'équipage de Yemenia avait perdu le contrôle de l'avion, a été limogé. Il a été remplacé par un prestataire aéroportuaire de Moroni qui a Yemenia pour client…
La compagnie yéménite a d'ailleurs demandé une relecture des enregistreurs de vol par un laboratoire indien ou égyptien pour mettre en avant une éventuelle explosion ou un incendie de l'appareil. Des hypothèses qui ne sont corroborées par aucun des débris de l'épave qui avaient été remontés.
Thierry Vigoureux