
Avec la fin du partenariat entre Ryanair et Amadeus et la mise en place des surcharges, les GDS traversent une zone de turbulences.
Un petit tour et puis s'en va. Près de trois ans après son entrée sur Amadeus, en septembre 2014, Ryanair a décidé de ne pas poursuivre son partenariat avec le GDS à compter du 15 décembre. "Les deux parties ne sont pas arrivées à un accord commercial", justifie Ryanair, dans un communiqué laconique. Mathématiquement, cette rupture représentera un manque à gagner conséquent pour Amadeus, Ryanair étant leader du ciel européen avec 120 millions de passagers transportés.
Ce départ peut-il inciter d'autres low cost à quitter à leur tour les GDS ? Rien n'est moins sûr car, dans le même communiqué, la compagnie aérienne irlandaise affirme qu'elle demeure toujours disponible via Travelport et Sabre. Ryanair restera également présente sur la plate-forme de Navitaire, filiale d'Amadeus.
Les GDS "améliorent le revenu par siège" des low cost
Et si Amadeus ne commente pas le divorce avec Ryanair, s'en tenant à la simple confirmation des faits, le GDS rappelle qu'il continue à collaborer avec d'autres low cost, dont EasyJet et Transavia. Amadeus et Easyjet ont d'ailleurs renouvelé un "partenariat sur le long terme" l'an dernier. Pas d'inquiétude non plus chez Travelport, qui travaille avec plusieurs dizaines de low cost.
Emmanuel Bourgeat, DG de Travelport France, se dit "convaincu de l'utilité des GDS pour les low cost car c'est un moyen pour ces compagnies d'améliorer leur revenu par siège en distribuant des produits plus évolués qui correspondent aux besoins des voyageurs". Les low cost étant absentes du Billing and Settlement Plan (BSP), le rôle des GDS est également primordial dans le paiement et la réconciliation comptable.
EasyJet a imposé la surcharge GDS dès 2007
Le divorce entre Ryanair et Amadeus n'en demeure pas moins un signe de plus que les GDS sont sous pression de la part des compagnies aériennes. Si Ryanair a choisi une voie radicale, nombre de compagnies régulières ont remis en cause le système tel qu'il fonctionnait jusqu'à présent en appliquant de façon unilatérale des surcharges pour toutes les réservations effectuées via les GDS.
Le mouvement a été lancé par Lufthansa en septembre 2015 et il est monté en puissance cette année : British Airways, Iberia et Air France ont, elles aussi, décidé d'imposer des surcharges.
Ironie de l'histoire, le modèle de la surcharge GDS n'a en fait rien d'innovant : c'est ce système qu'avait notamment choisi EasyJet lors de son arrivée sur Amadeus en 2007 ! Aujourd'hui, la low cost impose toujours un supplément de 4 à 8 € selon les cas, rendant le billet nu plus cher en GDS que sur son propre site Internet.
"En revanche, Easyjet propose un package comprenant le vol et le bagage à un tarif moins cher sur les GDS que s'il fallait combiner soi-même les produits sur le site Internet", souligne Emmanuel Bourgeat. Les GDS ont bien l'intention de rester incontournables !
Didier Forray