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Réceptif

Les grands événements boostent-ils durablement le tourisme ?


Publié le : 24.08.2017 I Dernière Mise à jour : 24.08.2017
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Le stade olympique de Londres, qui a accueilli les cérémonies d'ouverture et de clôture des JO de 2012. I Crédit photo © EG Focus/Wikipedia

Le calendrier de la prochaine décennie s’annonce intense pour la France, candidate à l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023, aux JO 2024, et à l’Expo universelle de 2025.

A lire en intégralité dans le n°1580 de Tour Hebdo (avril 2017)

OUI L’essor économique et touristique revient souvent comme l’une des premières raisons justifiant la candidature à un grand événement Ainsi, fin février, le coprésident du comité de candidature Paris 2024, Bernard Lapasset, a estimé que "les Jeux olympiques (JO) à Paris pourraient créer 1 milliard d’euros de retombées économiques directes. 12 millions de billets devraient être vendus et 20 000 journalistes attendus, sans oublier les 3 à 4 milliards de téléspectateurs".

Le succès d’un événement peut s’inscrire sur le long terme et dynamiser durablement le tourisme. Bernard ­Lapasset cite en exemple le succès des JO de Londres, en 2012. Un an après, en juin 2013, le Royaume-Uni enregistrait son record de fréquentation, avec un nombre de visiteurs en hausse de 12 %. Depuis, la ville accueille chaque année davantage de touristes. Pour Sebastian Coe, ancien président du comi­té de la candidature anglaise, "Londres 2012 a été une occasion unique d’exposer le savoir-faire britannique pour engranger des bénéfices économiques à long terme". Un an après les JO, le maire d’alors, Boris Johnson, se félicitait "d’un surcroît d’investissements étrangers se chiffrant en milliards de livres sterling […], à l’origine de milliers d’emplois".

(...) Un succès auprès du public permet aussi de marquer des points : l’engouement populaire améliore la perception de la destination, d’autant plus lorsque aucun incident majeur n’est à signaler. Danny Jordaan, ancien président du comité d’organisation de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, en 2010, estime ainsi que "le Mondial a amélioré l’image du pays à l’international". En 2006, l’édition allemande de cette compétition fut un succès populaire retentissant, le fameux Sommer­märchen (conte de fées d’été). (...)

NON Si le spectacle est au rendez­-vous dans les stades, permet-il pour autant d’assurer un engouement touristique durable ? Malgré l’adage "There is no such thing as bad publicity", les polémiques peuvent entacher durablement l’image d’une destination. L’organisation des JO d’hiver de Sotchi en 2014, les plus chers de l’histoire, a été considérablement décrédibilisée par le dépassement du budget (plus de 50 milliards de dollars contre 14 prévus au départ) et la vétusté de certaines installations. Ajoutez à cela les critiques contre la politique russe pour obtenir des JO qui n’ont guère incité les clients étrangers à découvrir la station balnéaire.

Les protestations contre les projets relatifs à l’organisation du Mondial au Brésil en 2014 et des JO de Rio en 2016 ont également marqué l’opinion publique. Démolition de quartiers, répression contre les manifestants et, là encore, dépassement du budget avaient alors sérieusement nui au prestige de la destination. Dans un autre registre, le Qatar a déjà vu son image sérieusement écornée par la dénonciation des conditions de travail et de la mortalité très élevée des ouvriers des chantiers du Mondial 2022.

De plus, sans vision à long terme, qu’advient-il des infrastructures héritées de l’événement ? On évoque souvent ces "éléphants blancs", grands projets très coûteux abandonnés une fois la compétition terminée. C’est l’exemple du Stade du Cap, construit pour 400 millions d’euros à l’occasion du Mondial 2010. Prévu pour 55 000 spectateurs, il en accueille aujourd’hui moins d’un millier en moyenne pour les matchs du club local.

PEUT-ÊTRE À l’heure où se déroulaient les JO, les professionnels du tourisme londonien se plaignaient d’une baisse de la fréquentation par rapport aux performances enregistrées d’habitude sur la saison. L’effet d’évitement, ou d’éviction, est un phénomène courant lors d’événements majeurs. Les touristes traditionnels de la destination, notamment domestiques, préfèrent reporter leur voyage pour éviter la foule et les prix relevés.

(...)

Un recul suffisant est donc nécessaire pour évaluer le succès d’un grand événement. Dans son analyse intitulée "Grands événements sportifs : des impacts multiples", Thomas Junod, professeur en management stratégique des organisations sportives à l’université de Lausanne, explique que "ce n’est véritablement qu’à long terme, une décennie au moins, que les impacts les plus significatifs d’un grand événement sportif sur son territoire d’accueil deviennent visibles".

(...)

À condition d’anticiper l’après-événement et d’éviter le gouffre financier des éléphants blancs, rénovations et développement de nouvelles infrastructures sont essentiels pour stimuler le tourisme à long terme : amélioration des aéroports, remise à neuf des quartiers anciens, etc. D’autres prérequis s’ajoutent pour l’organisation d’un grand événement, comme la formation des populations à l’accueil touristique.

Plusieurs impératifs s’imposent donc pour booster durablement la fréquentation après un événement : une organisation apaisée, la réussite d’une véritable fête populaire, et la pérennisation des infrastructures.

Simon Thollot

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