Portée par des vols mis en place par Point Afrique et des voyagistes qui l’ont remise en avant en brochures, la Mauritanie espère faire son retour sur la scène touristique.
Cet hiver pour la Mauritanie et Point Afrique (rebaptisé officiellement Point Voyages depuis 2015), c’est un peu quitte ou double. Le second, dirigé par l’infatigable Maurice Freund, n’a cessé de soutenir la première, destination chérie des amoureux du désert et du trek et emblématique du tourisme responsable.
Point Afrique récidive le 24 décembre prochain en mettant en place sur toute la saison jusqu'au 31 mars 2018, un vol affrété de 150 sièges au départ de Paris-CDG à destination de Atar opéré par la compagnie ASL.Un moment espérée pour les vacances de la Toussaint, cette reprise de la desserte est le fruit d’un accord intervenu en juin entre Point Afrique et le gouvernement mauritanien, chacun s’engageant à couvrir 50% du risque commercial.
En 2014 déjà, et avec une convention similaire, Maurice Freund avait tenté le pari, mis à mal par l’assassinat de Hervé Gourdel en septembre dans le nord algérien. Le plan de vols prévu pour l’hiver avait été annulé et la Mauritanie, au purgatoire touristique comme l’ensemble des destinations sahariennes depuis 2009, confirmée dans la liste des destinations en zone rouge formellement déconseillées par le Quai d’Orsay.
La sécurité est de nouveau garantie
Tenant compte des efforts sécuritaires mis en place par le gouvernement mauritanien, l’Etat français a fait évoluer en avril dernier ces recommandations. Certaines zones prisées des touristes dont Atar, Chinguetti et Ouadane dans la région de l’Adrar dans le nord du pays sont ainsi repassées en orange, ouvrant la voie d’un possible redémarrage. "La Mauritanie a fait des efforts considérables pour sa sécurité intérieure, nous avons pu le constater de nous-mêmes sur le terrain", explique Lionel Habasque, PDG de Terres d’Aventure.
A l’instar de la Balaguère (engagé sur 8 sièges hebdomadaires), Terdav et les autres marques aventure du groupe Voyageurs, Nomade et Allibert Trekking, embarquent donc sur le vol avec une trentaine de sièges par semaine et une offre de randonnées en départ garanti. D’autres voyagistes sont pressentis. Pour les guides et équipes locales sur place qui attendent depuis 9 ans cette reprise, l’espoir est énorme.
Le succès ou la ruine
La partie n’est pas pour autant gagnée. "Le plus dur sera de trouver 2 000 voyageurs", confie sur sa page Facebook Maurice Freund qui rappelle les 10 000 clients des belles années en 2007 et 2008. "En cas d’insuccès, le Point Afrique sera ruiné", prévient-il en expliquant s’être séparé en juillet dernier du dernier bien immobilier du groupe pour un peu plus d’un million d’euros.
Les vols sont commercialisés à partir de 220€ l’aller simple (jusqu’à 320€), incluant une taxe carbone de 15€ qui sera reversée à un projet humanitaire de Pierre Rabhi. Chez les voyagistes, les circuits démarrent à partir de 890 € sachant que depuis novembre dernier, le gouvernement mauritanien a ramené de 120 à 40€ le prix du visa. "Il faut aller en Mauritanie", écrit sur le site de la Balaguère Vincent Fonvieille, président du TO, "pour découvrir ou revoir l'un des plus beaux déserts du monde (…). C'est le moyen le plus simple de pratiquer un tourisme solidaire, digne et responsable."
Pascale Filliâtre